Tout le monde imite TikTok : Facebook, Youtube, et même Amazon !
Voici donc Revyze, un TikTok-like, français, celui-là, orienté vers l’éducation et la formation. Au lancement de l’application, pas de surprise, c’est presque la même interface que TikTok… à la différence près (et elle est de taille) que les contenus ne sont pas des gens en train de danser, mais des vidéos éducatives, des tips, des trucs sur toutes les matières possibles et imaginables.
Ciblant les jeunes, les lycéens, les collégiens, Revyze surfe sur les habitudes des millenials et des genZ (les plus jeunes d’entre nous, quoi !) qui, d’après les études, passent plusieurs heures par jour sur TikTok et plébiscitent ce format.
S’y adapter, c’est donc comme parler leur langage, langage qu’ils écouteront sans doute beaucoup plus facilement qu’un MOOC et un tutoriel d’auto-apprentissage sous la forme de carrousel.
Nous trouvons que c’est un bon exemple d’utilisation des conventions d’usage.
Créer une application pour un public cible en imitant l’interface du produit qu’ils utilisent actuellement le plus. Créer de bonnes interfaces et de bonnes expériences utilisateurs, c’est justement savoir tirer partie des usages en cours et à venir. Et donc, de savoir surveiller quels sont les grandes tendances et grandes applications du Web en cours d’usage.
Revyze semble donc partir d’un bon postulat. Reste à voir si ensuite, elle saura garder ses utilisateurs au sein de son propre enclos, et pouvoir monétiser son trafic, ou bien devra irriguer son trafic en publiant ses contenus sur Tiktok même (ce qui est peut-être déjà le cas).
Kosy est un espace virtuel en 2D dans lequel chaque collaborateur est représenté sous la forme d’une petite pastille (avec son visage dessus quand sa caméra est allumée) et où il peut se promener d’un endroit à un autre pour échanger, travailler en groupe, et sans doute bien d’autres choses que je n’ai pas eu le temps de découvrir plus que cela.
Ce que l’on voit, c’est que Kosy essaye de résoudre le problème de l’esprit d’équipe pour une société en full télétravail. L’espace en 2D est une visualisation physique de l’entreprise et cela permet de recréer à distance une sorte de lien social qui manque énormément quand chacun est enfermé chez soi ou en déplacement. C’est donc une manière de souder les effectifs et de maintenir le team spirit !
Il y a une app mobile et une app de bureau. Et, quand on y pense, ça ressemble beaucoup à un Slack, mais avec une vue 2D spatiale en plus. Ce qui ne semble pas être une grande différence.
C’est très facile à prendre en main et très instinctif et l’on voit que l’UX a vraiment été bien travaillée.
En revanche, il m’a semblé tout de même difficile de faire se déplacer tous les collaborateurs d’une entreprise sur une telle solution, surtout si ils utilisent déjà d’autres solutions collaboratives. Chez WEX, par exemple, nous utilisons Slack, et je n’ai pas réussi à convaincre grand monde de faire l’effort d’aller sur Kosy. Nous avons déjà de fortes habitudes ancrées avec, et pas tellement envie de reconstruire un nouvel univers, sans que la plus-value pour l’utilisation soit flagrante.
C’est tout le problème d’une solution comme Kosy : très séduisante dans la réalisation, mais pas forcément utile par rapport aux écosystèmes déjà employés dans les entreprises.
Reste les entreprises naissantes ou celles qui n’ont pas encore ce genre d’outil. Elles pourraient très bien être séduites. Encore faudra-t-il que les salariés adhèrent à un univers très proche d’un jeu.
Et puis, une chose m’a agacé. L’impossibilité de se déplacer d’un point à un autre autrement qu’au clavier, sans pouvoir aller directement au lieu que l’on vise. Ça sera sans doute une petite amélioration à apporter.
Merci à Yanis Mellata, le fondateur de Kosy de me l’avoir fait découvrir !
Un excellent article de Swissinfo.ch nous montre comment deux étudiants ont fondé une société pour réinventer le mode d’emploi ou le manuel d’apprentissage sous la forme d’application en réalité augmentée grâce au casque de Microsoft, le Hololens. Les résultats semblent très probants et montre encore une fois comment utiliser une nouvelle technologie pour renouveler des expériences d’utilisation !
Image montrant ce que l’opérateur de Swissgrid voit avec les lunettes de réalité augmentée lorsqu’il contrôle une sous-station électrique. Crédit Swissgrid
La preuve que la réalité augmentée est à la mode !!
C’est NNG qui nous gratifie d’un bien bel article pour aider à concevoir l’UX du calibrage des applications de réalité augmentée à destination du grand public. Important quand on sait la difficulté qu’il y a pour le grand public à prendre en main ces applications innovantes.
Les ingénieurs passent leur temps à essayer de trouver des idées pour améliorer l’expérience de shopping des clients de supermarché. Voici un caddie connecté par Amazon avec lequel le passage en caisse devient presque un plaisir et la liste de course un simple souvenir.
Mais tout cela est-il bien écologique, se demande-t-on dans un tweet ?
Est-ce que ça c'est pour vous le future du retail ? Ou c'est simplement le retail enrobé dans une belle couche de techno ? Le retail n'est-il pas en train de changer de paradigme ? Et le caddie n'en être plus qu'un artefact désuet ?#questionpic.twitter.com/asp9fkQSlL
Luc Julia revient sur la genèse de Siri et ses déceptions par rapports aux agents conversationnels. Eh oui, les promesses du numérique ne sont pas toujours tenues ! Et il est important de savoir tirer les bilans pour comprendre pourquoi et comment améliorer les choses. Très passionnante interview !
Pourquoi Tiktok est-il en train de devenir le nouvel ogre du numérique ? Une passionnante exploration du Washington Post sur le sujet qui nous fait voir aussi comment un outil bien conçu, qui aide vraiment les utilisateurs à faire simplement des choses complexes peut assurer son succès.
Ça bouge pas mal du côté de Google qui continue à s’adapter aux nouveaux usages de la recherche, notamment face à l’émergence de TikTok.
Plusieurs innovations, de la recherche visuelle jusqu’à la 3D ont été présentées au Search On event qui a eu lieu le 27 septembre 2022 et qui nous donne une bonne idée de ce que sera la recherche dans les années à venir. De belles évolutions qui pourraient inspirer les sites de e-commerce.
La question que l’on peut se poser quand on est en charge de l’avenir numérique de son entreprise, c’est : vers où aller ? Comment continuer à faire ce que je fais bien en essayant aussi d’anticiper les évolutions des usages et des technologies.
En ce qui concerne le Métavers et l’utilisation de la VR, il y a encore beaucoup de bullshit et il reste très difficile d’y voir clair. Ce qui est certain, c’est que le Métavers pour tout le monde n’est pas pour demain. Pour preuve, les chiffres de Statistica qui montre que les casques de VR, portes d’accès au Métavers, représentent encore une infime fraction du parc de smartphone.
Pour autant, ne faut-il pas s’intéresser au sujet de la VR ou même de l’AR, qui me semble, à l’heure actuelle, la technologie qui trouve le plus d’applications dans le monde d’aujourd’hui ?
Eh bien, c’est assez difficile à dire, car s’il y a un réel engouement (notamment sous les coups de campagnes de publicité massives par Méta, la maison mère du casque Quest), le nombre d’usages, de cas d’applications, hormis le jeu et le divertissement, restent limités à des niches (comme nous en avions parlé dans cet article). Faut-il croire, dès lors, qu’il y aura des usages massifs professionnels ou grand public utilisant les casques de VR ?
C’est vraiment peu probable…car, un des inconvénients de ces casques est que si vous voulez en profiter à plusieurs (notamment pour les réunions de travail), eh bien, il faut autant de casques que d’utilisateurs… Autrement dit, ça risque de coûter cher juste pour faire des réunions dans un monde virtuel sous la forme d’avatars enfantins.
Cependant, il existe d’autres usages, mais rien qui puisse faire dire : « Whaou, il est en train de se passer quelque chose, là ! » (pas comme avec Tiktok, par exemple).
Donc, oui, il faut sans doute s’intéresser à la VR et tenter des expérimentations. Mais tant qu’il n’y aura pas un évènement technologique qui drainera dans le monde les utilisateurs, on ne peut difficilement espérer qu’inverstir dans la VR, hormis pour des marchés de niche, rapportera quoique ce soit à qui que ce soit avant des années, sinon jamais…
Je viens de relire un énorme article de Wahington Post (que je recommande vraiment de lire si vous ne comprenez rien au phénomène) sur le succès immense de TikTok. Le phénomène me submerge, et m’effraie à la fois. Comment cette application venue de nulle part a-t-elle pu détrôner Facebook et son Instagram ?
Le monde semble être en perpétuelle recherche de nouveauté, de nouvelles interactions, et surtout, je pense aux jeunes qui utilisent TikTok, semble toujours vouloir faire différemment des générations précédentes.
Et c’est peut-être là, l’une des clés du succès de TikTok : ne pas être Facebook, ne pas être Instagram. Pouvoir faire quelque chose de différent de ce que faisait la génération précédente.
Mais cette dimension ne suffit pas et une des autres explications, c’est son interface faite uniquement à base de vidéos. Insta ne l’avait pas perçu et est sans doute passé à côté de cette demande.
Mais cela n’aurait pas suffi non plus. Sans doute qu’une des autres clés est aussi son outil de création très simple qui peut transformer n’importe qui en véritable artiste de la mise en scène. La simplicité toujours. Et la capacité de donner à de simples personnes la capacité de faire des choses très complexes. C’est un phénomène que l’on retrouve à l’œuvre également avec des outils comme Dall E et Midjourney et dont j’avais parlé ici.
Dernier ingrédient, l’algorithmie :
Car, ce que l’on recherche tous sur les réseaux sociaux, c’est à être vu. Et ça TikTok le permet très facilement ! Contrairement à Youtube et Instagram, TikTok semble utiliser le comportement plutôt que la nature des contenus pour faire émerger une vidéo. Les préférences utilisateurs ne sont pas basées sur ce que vous prétendez aimer, mais sur ce que vous faites. Et cela permet ainsi à des gens totalement inconnus de faire parfois des millions de vues, sans avoir forcément un très gros passé sur la plateforme. Tout le monde peut devenir rapidement influenceur.
TikTok engendre des habitudes et des comportements qu’il faut intégrer aujourd’hui à ses interfaces, notamment sur mobile.
Alors quand je pense à un site e-commerce, je me demande s’il ne faut pas modifier radicalement les interfaces de leurs apps et de tenter de faire quelque chose avec une interface plus instinctive dans laquelle on « swipe » d’une vidéo à l’autre pour découvrir un produit et où l’on regarde des vidéos plutôt que des photos.
Mais ça serait un immense challenge, un gros changement, qu’Amazon a déjà tenté, mais qui vaudrait le coup d’être expérimenté pour inventer une nouvelle manière de faire du shopping en ligne 😉
Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que pour rester dans le tendances, il faut savoir réinventer ce que l’on fait déjà en s’inspirant de ce que font les meilleurs. Facebook et Youtube, par exemple, ont déjà lancé de nouveaux formats inspirés de ce que fait Tiktok (avec du succès pour le deuxième et beaucoup moins pour le premier).
Mais pour cela, il faut que les entreprises aient les moyens d’innover et sache faire confiance à leurs équipes internes pour tenter des choses. Ce que, je trouve, on voit rarement à l’œuvre en France.
Hier soir, c’était la keynote de Meta pour parler de son casque Quest Pro, censé nous emmener tous dans le Métavers de Meta, cet fameux univers parallèle dans lequel nous sommes tous supposés nous débattre plusieurs heures par jour d’ici 2030.
Et il faut bien l’avouer, les progrès de ce casque sont bluffants et permettent de voir à quel point les expériences immersive vont devenir quelque chose d’assez fascinant (elles le sont déjà d’ailleurs).
This is the future… maybe… presque… on n’en est pas vraiment sûr… on verra, quoi !
Une grappe de nouveautés
Les nouveautés les plus flagrantes sont celles-ci :
Meilleure résolution
Meilleure résolution évidemment, donc meilleure qualité d’images, meilleure définition, objets plus complexes, mieux dessinés. On s’approche peu à peu d’un univers réaliste et ça, c’est un vrai progrès.
Ça, ça sera dans quelques années, mais le résultat est déjà impressionnant !
Eye-tracking et face-tracking
Le Quest Pro, tout comme son concurrent chinois le Pico 4 Pro, peuvent détecter plus finement les actions du visages : expressions du visage, mouvement des yeux. L’avatar peut ainsi améliorer la reproduction de ces expressions, et, in fine, améliorer les relations sociales dans le expériences immersives. Le progrès est impressionnant, même s’il pose des questions de vie privée que Meta balaye d’un revers de la main en affirmant qu’on peut désactiver la remontée de données si on le veut… Mouais… on sait ce que ce genre d’affirmation donne.
Des jambes !
Apparemment, c’est le truc le plus fou de la soirée… bientôt les avatars dans Meta pourront avoir des jambes. Vous riez, mais ça n’est pas rien, car le mouvement du corps est très difficile à reproduire en partant des capteurs d’un casque. Mais grâce à l’IA, la fameuse, ce mouvement peut-être reproduit de façon très fidèle et bluffante comme l’a montré Mark Zuckerberg lui même.
Apparemment, c’est génial d’avoir des jambes 🙂
De l’AR !
En fait, c’est selon moi, la nouvelle la plus importante. Le nouveau casque de Meta permet enfin un mode « transparence » qui permet de voir le vrai monde à travers les lunettes et d’y ajouter des objets numériques en surimpression. On a donc bien, tout comme le Pico 4 sorti 2 semaines avant, des lunettes de réalité mixte, permettant l’AR et la VR. Au lieu de l’horrible transparence en noir et blanc sur le Quest 2, cette fois, c’est bien à une reproduction en couleur auquel on a droit. Et ça change tout. Et comme l’a démontré le fameux youtubeur NathieVR, il est même possible de faire un tour à vélo avec un Quest Pro sur la tête, tout en voyant le monde réel à travers des écrans. Flippant ou pas ? A vous de me le dire !
Alors le prix… évidemment, c’est très cher… et on voit un peu mal comment les gens, dont le budget est déjà grevé par leur smartphone, iraient investir une telle somme dans un appareil franchement encore tournée en grande partie vers le gaming.
Évidemment, ça n’est pas vraiment un frein pour une niche de early adopters, de gamers, de geeks férus de technologie. Mais ça l’est clairement pour le grand public qui, il faut bien l’avouer, n’est pas la cible première du Quest Pro. Donc, un tel prix, même s’il parait cher, n’est pas incohérent avec la stratégie de Meta qui souhaite surtout, avec ce casque, développer les usages professionnels, même si, au dire des journalistes présents, on se demande où sont les applications professionnelles, et si, vraiment, les professionnels vont se lancer avec entrain dans les nouveaux usages que proposent le casque. De mon point de vue, rien n’est moins sûr, pour l’instant, même si il existe quelques applications, mais sans réel intérêt.
Le nouvel outil de réunion en ligne avec Quest Pro. Payer 1800€ pour avoir ça semble un luxe !
En conclusion
Ce qui est certain, c’est que Mark Zuckerberg présente une foi inébranlable dans son projet de Métavers, même si, d’après ce qu’on sait, la sauce ne prend pas encore : à peine 300,000 utilisateurs sur le réseau social de Meta en 3D Meta Horizons, des développeurs qui n’utilisent pas le casque, des milliards investis et pas de ROI (hormis sur les ventes de casques, 150 millions vendus en une année). Bref, on ne voit pas le bout du tunnel pour Meta, ni qu’est-ce qui pourrait remplacer ses réseaux sociaux déclinants face au mastodonte Tiktok, qui, lui, pour l’heure, capte bien tous les usages.
Pour une raison simple : sa simplicité et son accessibilité. Qualités que n’ont pas du tout les casques de VR.
Alors, le Métavers mort ?
On ne sait pas, mais ce que l’on sait, c’est que ce n’est pas cette débauche technologique qui pourrait assurer son succès. Très clairement, il manque encore des ingrédients. Lesquels ? Mark Zuckerberg semble le savoir, mais il est bien un des seuls.
Mais le problème, c’est qu’il fonctionne trop parfaitement parfaitement 🙂
Dans l’anecdote qu’elle nous rapporte, la journaliste du WSJ nous explique que l’application de secours de l’iPhone avait appelé à plusieurs reprises 911 (l’équivalent du 18 chez nous) du téléphone d’une personne en train de virevolter sur des montagnes russes dans un parc d’attraction.
Un iphone à bord d’un roller coaster a tenté à plusieurs reprises de prévenir les secours.
La personne ne s’en étant pas rendu compte, c’est après l’arrêt de l’attraction qu’elle a pu voir qu’elle avait été à plusieurs reprises rappelée par les secours qui voulaient s’assurer que ça n’était pas une fausse alerte.
Autre anecdote, celle d’un motard ayant fait tomber son iPhone tandis qu’il était à moto (c’est pas bien de téléphoner en moto) et qui avait aussi automatiquement prévenu les secours. Le motard ayant pensé que son téléphone était perdu était allé en racheter un autre pendant que les secours essayaient vainement de le joindre pour rien.
Deux anecdotes, peut être sans importance, mais qui montrent une chose, c’est qu’on ne peut pas accepter une faille dans un système de sécurité. Et qu’on ne peut pas mettre en service une fonctionnalité censée sauver des vies sans être certain de son parfait fonctionnement.
Comment avoir ensuite confiance dans un tel service ?
Cela me rappelle le problème de premiers GPS qui commettaient pas mal d’erreurs de trajets parce qu’ils n’étaient pas connectés en temps réel à l’information routière. On avait une confiance limité en eux et l’on gardait quand même pas loin de soi une carte routière. Au cas où…
Mais c’est bien sûr bien plus embêtant lorsqu’il s’agit d’essayer de sauver des vies.
De manière plus générale, ce qui est intéressant dans ces petits exemples croustillants, c’est la leçon qu’on peut en tirer si on veut assurer le succès d’un service. Aussi utile soit-il, aussi bien fait soit-il d’un point de vue ergonomique, il risquera toujours de ne pas être accepté s’il n’est pas capable d’induire la confiance. Autrement, la place sera toujours ouverte à un concurrent plus sûr. Ou bien aussi, bien sûr, à un rejet de l’application elle même.
Et c’est un problème très récurrent dans la manière de penser des gens qui font des services numériques. Autant quand il s’agit de créer des solutions de marketing, de vente, de jeu ou autre, qui ne présentent aucun risque d’impact dangereux sur la vie réelle peut-on s’affranchir, dans une certaine mesure, d’une certaine fiabilité des résultats, autant ça n’est pas le cas lorsque des questions de sécurité sont en jeu. Et, je trouve, qu’il y a souvent une certaine légèreté à traiter ces problèmes dans des équipes peu affranchies, trop jeunes, pas assez conscientes des à côté et des externalités que peuvent engendrer leurs solutions.
Le renfort de gens ayant une expérience plus forte et une capacité à visualiser un projet dans un ensemble, un contexte plus grand, peut réellement être un apport dans de tels projets. Et améliorer leurs chances de succès, plutôt que de se confronter au récurrent problème de la confiance.
Conclusion : dans quelle proportion accepter les erreurs ?
Aurait-il fallu ne pas développer cette fonctionnalité de l’iPhone ? Avec plusieurs centaines de millions d’iPhone dans le monde, Apple a évidemment une grande responsabilité quand elle s’occupe d’essayer de sauver des vies. Nulle doute qu’elle a déjà pu en sauver des milliers, voire peut-être beaucoup plus encore, mais que des milliers d’erreurs ont aussi été générées.
La question est donc : peut-on accepter que cette application se trompe si elle permet tout de même de sauver des vies ? Dans quelle proportion ? Cela semble impossible à dire. Et c’est là, selon moi, la limite de mettre sur le marché des fonctionnalités dont la fiabilité n’atteint pas un seuil suffisant. Ce qui semble être ici le cas.
les gens vont finir par la désactiver si elle se déclenche inopinément
les secours vont s’en méfier et peut-être ne plus en tenir compte
La puissance d’Apple est terrifiante, car elle a le moyens d’expérimenter son app auprès de millions d’utilisateurs, plus qu’aucun État ne pourrait le faire. Et elle peut prendre le risque de se tromper plus qu’aucun État, qui est en permanence sous l’œil des médias, ne pourrait le faire. Avec une sorte d’aveuglement, nous nous confions naïvement à des sociétés de droit privé qui, de plus en plus, non content de s’immiscer dans nos vies, tentent en plus d’en prendre le contrôle en s’arrogeant le droit de sauver notre vie.
N’est-ce pas à nous, consommateurs… ou citoyens, de décider si nous voulons ou pas être sauvés par une app ? Et donc de guider leur développement par nos réactions ? Mais n’avons nous pas trop tendance à nous laisser faire et laisser les GAFAM décider pour nous ?
Cette semaine, avec Marie, mon associée, à l’invitation des Assembleurs, on a été faire une présentation de l’UX à un parterre de responsables informatiques, numériques, et même des élus de collectivités locales pour les sensibiliser à la question des utilisateurs (appelés « usagers ») et de la conception centrée utilisateur.
C’était assez nouveau pour nous, de rencontrer ce monde, même si nous avions déjà travaillé pour le secteur public… Et nous étions assez excités de venir présenter nos méthodes, notre métier, auprès d’un parterre de gens dont le rôle est d’assurer la transformation numérique des collectivités locales. Car nous avons la conviction profonde que ce que nous avons réalisé depuis plus de 10 ans pour le privé peut largement être réexploité et mis au profit des services des usagers, même si, nous l’avons constaté pendant cet échange, le chemin du changement sera long.
Ce que nous avons compris est que le monde public est encore très loin de penser « Centré utilisateur ». Pour des raisons d’organisation, essentiellement. A cause du poids des habitudes, qui sont plus difficiles à changer dans le public que dans le privé. Mais aussi à cause d’une certaine déresponsabilisation des parties prenantes. J’ai été étonné d’apprendre que quand un projet informatique était livré, il était livré ! Les correctifs, les retours en arrière, les évolutions sont difficiles ou impossibles. Et surtout, la satisfaction utilisateur n’est pas prise en compte ! Comment dès lors fournir un service adéquat aux usagers ?
L’idée que nous avons voulu pousser, bien évidemment, c’est d’injecter la démarche centrée utilisateur dans les projets de numérisation des services. Autant pour ce qui concerne les apps métiers, que pour les produits destinés au public. Et, dans le deuxième cas, en prenant en compte dans la réflexion, non seulement les problématiques d’accessibilité, d’inclusivité, mais également en réfléchissant à la manière dont le numérique peut transformer le service. On est tous d’accord, encore une fois, que la simple transposition ne peut mener qu’à la catastrophe et à l’inanité de la numérisation.
Comment injecter la conception centrée utilisateur dans les processus de création de services numériques ?
Cela passe par une nouvelle manière de faire.
Et, en premier lieu, à savoir se poser et réfléchir sur la transposition des services en interfaces accessibles au usagers. C’est la dématérialisation. Mais, comme je le disais plus haut, encore une fois, il ne s’agit pas de transvaser des interfaces d’un public à l’autre en espérant que tout se passe comme sur des roulettes.
La simple transposition ne marche pas.
Les agents publics sont des personnes formées, volontaires, payées pour accomplir des tâches. Les déléguer aux usagers implique une transformation des outils afin de rendre simple, facile, satisfaisant des services auprès d’un public non formé, occasionnel (on ne fait souvent qu’une fois une démarche), parfois récalcitrant, ne voulant pas passer par le numérique pour accomplir une démarche, sans compter les personnes en difficultés face au numérique et les problématiques d’accessibilité et d’inclusivité.
Cette réflexion doit aussi clairement rester suffisamment ouverte pour ne pas penser que numérique, mais bien, au contraire, être capable de générer des réponses qui mêlent les différents canaux d’échanges entre administrations et usagers. Répondre au téléphone est une issue de secours pour de nombreuses personnes. Ne pas intégrer ce canal dans la réflexion de la numérisation est une erreur.
En deuxième lieu, il devient urgent d’intégrer vraiment les usagers dans la conception de ces services. Exactement comme nous le faisons dans le privé en les faisant intervenir à différents niveaux d’élaboration des nouvelles solutions. Et en particulier à travers les fameux tests utilisateurs que nous prônons depuis plus de douze ans, chez Wexperience. Cette vue, appelons-la comme ça, apporte toujours beaucoup d’eau au moulin des conversations et des réflexions. C’est un outil puissant, autant dans l’analyse de l’existant ou des produits à venir, autant comme outil de communication à travers les couches organisationnelles multiples des administrations. Et surtout, pensons-nous, à destination des décideurs : les élus.
Quoi de mieux qu’un test utilisateur pour convaincre une personne que le service qu’elle a conçu ne fonctionne pas ?
Et même si c’est une simple démo, c’est assez bluffant, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.
Il ne m’a fallu que 1mn pour générer 3 nouveaux styles pour mon intérieur. C’est plutôt assez cohérent, même si l’IA est allé jusqu’à faire disparaître une porte et changé la forme de ma fenêtre.
Uploadez une image de votre intérieur, choisissez un style, et l’IA générera automatiquement une suggestion de décoration assez réaliste (mais pas toujours du meilleur effet stylistique, il faut bien le dire).
Cela demande a être amélioré et peaufiné, mais on voit bien à travers cette démo certaines nouvelles potentialités pour la vente en ligne, car on pourrait appliquer l’application à d’autres domaines :
l’aménagement extérieur
la restauration extérieure de bâtiments anciens
C’est un beau jouet qui pourrait fortement intéresser des entreprises comme IKEA ou Maisons du monde, puisqu’il leur suffirait d’injecter leurs bases de données produits dans l’algorithme pour que l’IA se charge de refaire la déco des intérieurs de millions de particuliers à partir de leur offre. Chacun pourra donc devenir au moindre effort architecte d’intérieur. Ce qui pose à nouveau la question, vous l’imaginez bien, des métiers de la création, puisque apparemment, dans les années à venir, les IA pourront remplacer une bonne partie de leurs capacités créatives.
J’assiste depuis quelques semaines à un déferlement d’images créées par des IA. Les geeks sont subjugués par le pouvoir que leur confère ces IA, comme Dall E ou Midjourney, et qui, si vous ne l’avez pas vu, leur permette de créer à la volée des illustrations ou des photos sans savoir dessiner, sans avoir besoin d’un appareil photo, sans sortir de chez soi. Bref, de créer, et de créer bien, tout type d’image, d’illustration, de photo, avec un véritable talent de professionnel.
Image d’un robot peintre, façon Monet, que j’ai créé avec Dall E. Cela m’a pris 15s.
C’est assez vertigineux, quand j’y pense. Des millions de personnes, totalement incapable de la moindre création, vont pouvoir dès aujourd’hui créer des milliards d’images sans aucun autre talent que celui de savoir faire des phrases (ce qui peut être complexe pour certain, vu le niveau d’éducation actuelle, mais bref, passons…)
ll y parle, entre autres, de l’impact de ces IA sur la profession d’illustrateur et de la menace qu’elle leur apporte, mais aussi le risque sur la créativité du monde, celui d’une banalisation et d’une monotonisation des images. Je vous recommande vraiment de le lire.
Mais ce qui me frappe moi, c’est non seulement la capacité des ces machines à créer des œuvres originales, mais en plus de pouvoir le faire à une vitesse qu’on aurait pas imaginé il y a 10 ans.
En quelque sorte, un simple geek armé de sa seule parole pourrait bien générer en une journée plus d’œuvre que n’importe quel illustrateur de la fin du XXème siècle en une vie.
Tomate montant un cheval sur la lune à la manière de Picasso, par Midjourney. Environs 1mn pour générer ces 4 images tout à fait apte à passer le cap de l’illustration professionnelle.
Mais que va-t-on faire de toutes ces images ?
Et puis, comme je le disais, ce ne sont pas seulement les images qui vont être générées, mais aussi de la vidéo (voir notre article sur le sujet), des modèles 3D pour le futur Métavers dont on nous rebat sans cesse les oreilles et dont personne ne sait au juste si c’est juste une vaste blague ou un horrible futur probable.
Et demain, peut-être sans doute, la musique… pour les textes, c’est déjà fait. Des romans écrits par des IA existent déjà.
Bref, c’est à se demander si on va encore avoir besoin demain des créatifs, des artistes, de tout ces gens qui transforment et voient notre monde d’un autre œil pour nous en faire entrapercevoir les arcanes de l’univers et le sens dont nous avons tant besoin pour vivre.
Les métiers de l’UX pourraient sans doute en tirer parti. Un article de blog en parlait justement. Mais l’IA, pour l’heure ne semble pas représenter un danger pour la création de produits numériques. Pas besoin, trop complexe à mettre en œuvre, et sans doute, même inutile.
Je ne m’empêche pas pourtant d’être fasciné, subjugué, étonné, curieux, car je pressens, et je ne pense pas être le seul, que nous sommes désormais entré de plein pied dans une nouvelle ère. Celle où les machines peuvent nous remplacer dans des tâches que nous pensions être la propriété des humains, mais que nous allons devoir partager avec elles. Jusqu’à nous remplacer complètement ?
Picasso riant à gorge déployée, par Mijourney. Effectivement, il doit bien se marrer dans sa tombe, ce génie du XXème siècle. Mais aurait-il autant ri s’il avait pu être remplacé par une IA ?