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Catégorie : Actualités

  • Le rôle de l’UX dans l’e-commerce ?

    [⏱ 8min – Article rédigé par Olivier Sauvage, expert UX et fondateur de Wexperience]

    Quel doit être le rôle de l’UX dans vos projets ?

    Cela fait plus de 20 ans que je fais du web. Et cela fait même plus de 20 ans que je fais du e-commerce.

    Oui, j’ai eu cette chance, dès le début de ma carrière, de pouvoir travailler sur des sites de vente en ligne.

    Quand j’y repense, à l’époque, construire un site de e-commerce était quelque chose de très technique. Rien n’était prévu pour faire des catégories de produits, pour installer le paiement électronique. Tout était encore à inventer.

    Mais une chose qui ne l’était pas était l’attention qu’il fallait porter à l’expérience utilisateur. Même si nous ne parlions pas d’UX (le terme n’existait pas) ni même d’ergonomie, nous avions conscience qu’il fallait rendre les choses simples, compréhensibles, sûres et incitatives.

    Pour moi, fabriquer un site de e-commerce s’apparentait à la création d’un jeu dont le but était de faire le plus de ventes possible. Et ce qui m’intéressait au plus haut était de faire que les gens prennent plaisir à acheter en ligne.

    Depuis ce temps, cette obsession ne m’a pas quitté. Et j’ai toujours fait, sans le savoir, de l’UX !

    Avec la croissance de l’Internet et l’explosion du e-commerce, ce jeu était devenu un métier. Et l’UX a pris un rôle non négligeable dans les objectifs des entreprises à vendre des produits et à offrir des services. Nul n’oserait prétendre aujourd’hui qu’il ne faut pas s’intéresser à l’expérience utilisateur.

    Oui, mais, finalement, savons-nous bien ce qu’est l’UX et à quoi sert-elle exactement ? Quel est véritablement son rôle ? Et pourquoi il faut vraiment s’y intéresser ?

    Dans cet article, je vais essayer de vous l’expliquer. Parce qu’il me semble important de pouvoir faire un point sur ce sujet. Qu’il est important que les responsables e-commerce, les gens du marketing, et même les développeurs comprennent quel est le véritable rôle de l’UX selon mon expérience.

    Le plaisir au premier rang

    Au premier rang des critères, je placerai celui du plaisir de l’expérience. Parce que je pense que le plaisir devrait supplanter toutes les autres préoccupations. Même pour remplir un formulaire, occupation ennuyeuse en apparence, l’utilisateur devrait éprouver un certain plaisir. En tout cas une satisfaction à l’accomplir.

    Pourquoi le plaisir ? Parce que je pense que le plaisir engendre une force, une motivation qui permet de renverser les obstacles. Quelqu’un de bonne humeur ira toujours plus loin que quelqu’un de mauvaise humeur. C’est quelque chose que vous avez sans doute déjà du expérimenter vous même. Le plaisir génère une force qui, si on la maintient, permet toujours plus facilement à un utilisateur d’aller au bout de son objectif, qui, en e-commerce, doit aussi être le votre, à savoir, la vente, la transaction.

    Mais la question est : comment déclencher ce plaisir ? Comment, dès l’arrivée sur un site, dès l’ouverture d’une page, déclencher cette petite décharge d’hormone qui va mettre notre utilisateur en de bonnes conditions ?

    Il est évident que le rôle de l’UI designer, dans cet instant, est prépondérant. Déclencher le plaisir est jouer sur plusieurs ressorts essentiellement graphiques. Puisque c’est là le principal langage du web et que le stimuli visuel est à peu près le seul stimuli qu’un écran peut déclencher. C’est pour cela que j’ai toujours pensé que les interfaces devaient rester simples, facilement compréhensibles, ne pas comporter trop d’éléments, et être visuellement attractives.

    « Visuellement attractives » voilà quelque chose de difficile à définir, car l’attractivité, la beauté et l’esthétique semblent être toujours des valeurs relatives. Cela est vrai, mais il est vrai aussi que selon les tendances et les modes, il existe des éléments de langage graphiques qui plairont toujours au cerveau. C’est bien le rôle du Directeur ou de la Directrice artistique de déterminer ces éléments de langage grâce à sa culture et sa connaissance de l’air du temps.

    Cela est un petit peu compliqué, mais reste néanmoins primordial. Beau et simple sont pour moi les deux premiers éléments de la séduction et les premiers atouts que vous devez mettre dans votre poche si vous souhaitez offrir une bonne expérience utilisateur.

    Au 2ème rang, la capacité d’interactivité de l’interface

    Au deuxième rang de mes critères, je placerai ce que j’appelle la capacité d’interactivité de l’interface.

    Pour moi, une interface doit réagir au doigt et à l’œil. Elle doit être la plus réactive possible. Les boutons doivent changer de couleur au rollover au moment exact où la souris passe dessus. Les pages doivent se charger le plus rapidement possible. Les animations doivent être fluides et donner la sensation que la matière numérique de l’écran est souple comme le serait celui de la texture de la surface d’un élément naturel : l’eau, la peau, l’élasticité d’une feuille d’arbre, etc.

    Un des gros problèmes des interfaces est justement cette latence infime que notre cerveau ressent toujours et qui peut vite lui devenir insupportable.

    Dans nos interactions avec le monde vivant, nous sommes habitués à ce que tout réponde à nos stimulis de manière très rapide, presqu’instantanée. Le numérique, lui, n’a pas cet avantage. Il lui faut énormément de puissance, de calcul pour rendre cet effet de la vie, et, la plupart du temps, il n’y parvient pas. Ça n’est pas mission impossible, mais c’est à un véritable travail d’optimisation du code et des médias auquel il faut se livrer en permanence pour arriver à fournir à nos utilisateurs ces sensations.

    Et de cette capacité à créer une réactivité « vivante » découlera alors une expérience satisfaisante et, à nouveau, du plaisir, dont il faut toujours rechercher la clé.

    Avec le temps, je me suis rendu compte que cette préoccupation de la réactivité était souvent peu prise en compte dans les projets. En fait, on ne se pose pas souvent la question ou alors on y répond de manière assez empirique en faisant soi même un essai sur son smartphone, en trouvant que les pages sont bien longues à télécharger, mais sans vraiment se référer à des données quantifiées. C’est bien dommage, car s’il y a bien un domaine où l’on peut mesurer l’UX, c’est celui là, et c’est quasiment le seul. C’est donc un peu dommage de ne pas en profiter.

    Esthétisme, plaisir, beauté, rapidité, réactivité : tout ces critères, en réalité, tendent vers une définition assez simple somme toute : faire qu’une interface se comporte comme une matière animale, vivante, comme une bête que l’on caresse et dont on sent la peau se rétracter ou se tendre, dont on sent la respiration, dont on peut faire réagir le muscle qui se trouve en dessous, avec la sensation plaisante que tout ceci n’est qu’une extension de notre propre corps.

    Poésie, me direz-vous ? Non, pas tant que ça, au contraire : une vision qui permet de se donner un but dans ce que doit être une bonne expérience utilisateur.

    Pour autant, ces critères font-ils une bonne expérience client ? (la nuance est subtile en e-commerce).

    Non, car, c’est à ce moment qu’il faut rentrer dans des critères plus « cérébraux ». Autrement dit, commencer à s’adresser au cerveau plus rationnel de l’utilisateur. Car une fois qu’il est mis de bonne humeur, il va falloir lui donner les moyens de parvenir à ses objectifs.

    Et ils sont nombreux !

    Une chose est certaine, il faut savoir ce que cherche un utilisateur pour le lui offrir.

    En e-commerce, l’UX n’est qu’un support à la conversion : pas un vecteur de la conversion. Ça n’est pas une bonne UX qui fait vendre (on voit des sites avec de très mauvaises UX vendre), c’est bien l’offre, le produit. Mais c’est bien le rôle de l’UX de valoriser cette offre ou ce produit ou ce service. C’est l’UX qui doit donner à l’utilisateur facilement, sans effort, et toujours avec plaisir, toute l’information nécessaire pour qu’il pense faire le bon choix.

    A ce stade, il devient très important de bien étudier, comme toujours, vos comportements utilisateurs et d’analyser de près tout ses parcours clients. Con-nais-sez la manière dont vos visiteurs interagissent avec vos interfaces. C’est là que rentre en jeu les fameuses études utilisateurs ou les fameux tests utilisateurs, comme vous voulez. Ces observations in vivo qui permettent vraiment (et uniquement) d’analyser en profondeur les desiderata de ces visiteurs.

    J’entends souvent beaucoup de responsables e-commerce se fier aux statistiques de trafic de leur site. C’est très bien de s’intéresser aux statistiques, mais si vous ne parlez pas directement à vos clients : comment voulez-vous les comprendre ? Et comment voulez-vous leur offrir ce dont ils ont besoin ?

    J’aborde d’ailleurs ce sujet très intéressant dans l’un de mes derniers podcasts mené avec Celia Hodent, consultante en UX et spécialise du jeu vidéo 🎮

    Au 3ème rang : la qualité informationnelle

    Au troisième rang de mes critères, je mettrais donc la qualité de l’information. Tout dans la tête d’un utilisateur doit être clair, sans ambiguité, facilement visible, facilement lisible. Plus vous donnerez d’informations (sans surcharger l’interface), plus vous lui donnerez de billes pour prendre sa décision. En ce domaine, je crois que beaucoup n’est jamais trop. Vous ne pouvez pas ne pas faire assez. Le média interactif est tellement pauvre et tellement froid qu’il faut absolument le pallier par du texte, de l’image, de la vidéo, de toute sorte pour recréer l’illusion du réel.

    C’est un travail énorme de comprendre comment mettre en avant l’information, qui nécessite un long temps de réflexion et de maturation pour permettre de concevoir des interfaces qui le permette, mais c’est un travail indispensable. Trop souvent, les équipes de designers ne font souvent qu’appliquer des recettes à cette étape de conception. Or, je reste persuadé que c’est à ce stade du design qu’il faut chercher les moindres détails pour arriver à créer une interface qui réponde exactement à tous les besoins de vos utilisateurs et qui réponde à toutes leurs questions. Elle peut être blâmée pour sa longueur, et pourtant, elle a besoin d’un temps incompressible de réflexion pour parvenir à vraiment offrir des informations claires, précises, importantes qui feront germer ses choix dans le cerveau de l’utilisateur.

    Autrement dit, ne vous trompez pas. En conception d’interface, il ne s’agit pas de « descendre de la maquette », mais bien de créer, comme en haute-couture, un habit hyper précis qui colle à toutes les demandes des internautes.

    Captiver, séduire, informer, voici quelques clés principales de l’UX.

    Au 4ème rang, la conversion

    Reste le sujet principal en e-commerce : la conversion.

    Trop souvent, elle est vue comme un aboutissement ultime du e-commerce, mais n’oublions pas qu’une vente sur Internet n’est pas une vente terminée. Il peut y avoir des retours, et puis, une première conversion n’est qu’une étape dans la vie du client. Autrement dit, la conversion n’est pas juste le franchissement d’une étape définitive, mais aussi le commencement d’une relation client qu’il va falloir essayer de continuer au fil du temps et pendant laquelle l’UX continuera à jouer un rôle important, ne serait-ce que dans son rôle de vecteur de confiance et de rassurance. Rôle bien trop souvent négligé.

    De tous les tests que nous réalisons en permanence chez Wexperience, il apparait que ce sont toujours les dernières étapes de la conversion – celle du tunnel de paiement – qui posent le plus de difficultés aux internautes, notamment sur mobile.

    Non pas que les étapes de conversion soient infranchissables, mais qu’elles génèrent toujours beaucoup d’erreurs peu propices à rendre serein un internaute.

    Le rôle de l’UX est donc bien ici purement ergonomique : il s’agit de rendre simple, facile, tranquille, rapide cette étape de conversion. Et ici, il s’agit surtout de mettre en place un travail de peaufinage permanent sur tous les canaux, où chaque défaut doit être chassé et balayé comme les vilaines poussières qui viennent se coller dans les interstices du clavier d’un écran.

    Un bon tunnel est un tunnel propre.

    Au dernier rang : l’ergonomie incitative

    Je n’en ai pas encore parlé jusqu’ici parce qu’en e-commerce l’ergonomie incitative ne peut exister qu’à travers des techniques de marketing que je ne listerai pas ici, mais qui sont nombreuses, et qui sont bien connues des spécialistes en la matière.

    Ces techniques ne relèvent pas de l’UX, mais peuvent être soutenues et perfectionnées par un bon design d’interface, une bonne UI. Elles vont de l’utilisation des biais cognitifs aux dark patterns, destinés à tromper volontairement l’utilisateur, et que je ne saurais conseiller d’utiliser.

    La confiance est déjà suffisamment difficile à établir dans le monde numérique qu’il est dommage de tirer parti des facilités qu’il permet parfois pour engendrer des actions non désirées chez l’utilisateur.

    Conclusion

    Pourquoi avoir fait un article un peu long sur l’UX et le e-commerce ? 🧐

    Après tout, y a-t-il vraiment de nouvelles choses à dire sur une domaine qui a su s’imposer nettement dans la conception des interfaces de sites web ? Ou bien fallait-il rappeler les évidences ?

    Ni l’un ni l’autre, je pense. Mais peut être partager une vision qui n’est pas forcément la plus répandue et qui fait la part belle au plaisir, à la satisfaction de l’usage, partout où l’utilisateur est, quelque soit la tâche qu’il ait à accomplir.

    Je pense que c’est un principe de vie que je m’applique à moi, mais que l’on peut aussi appliquer à la création d’expériences utilisateurs. Même si une personne doit être productive face à une interface, même si elle doit accomplir un but. Il va de soi que plus elle éprouvera de plaisir à le faire, plus elle en gardera un meilleur souvenir, et plus elle aura envie de recommencer. Et cela me semble indispensable. Car je crois que l’acte d’acheter sur Internet peut être un plaisir au même titre que le shopping en magasin. Et qu’il faut qu’il soit surtout cela avant même d’être un acte utilitaire.

    Peut-être est-ce dans une intention purement mercantile, mais dans le domaine qui m’intéresse, comme dans tous les domaines où peut s’appliquer l’UX, je ne crois pas que cette discipline soit destinée à infléchir un mode de consommation ou bien une finalité économique. L’UX est d’abord un service à rendre aux consommateurs, pour leur rendre la vie la plus agréable possible, pour les aider à choisir des offres et des produits en toute conscience, pour les rendre plus égaux face aux géants que sont parfois les marchands, pour générer moins de frustration et de déception. En bref, pour rendre la vie des gens meilleure !

    N’est-ce pas ce que nous nous sommes tous fixés comme but ? 😉

  • Wexperience sera le 7 avril au PIX à Roubaix !

    On se retrouve au Plaine Images Xperience édition 2022 !

    Le Plaine Images Xperience, c’est quoi ? C’est tout simplement un évènement business lancé pour la première fois par Plaine Images, plus grand hub européen dédié aux industries créatives et à l’innovation.

    Ce qui vous attend ? Des conférences et workshops, du networking, des expériences et des échanges autour des Industries Créatives unique en Europe !

    En clair, plus de 50 speakers vous donneront leur vision, leur combat, leurs positions sur les sujets d’entrepreneuriat, de diversité, de créativité… Et le meilleur pour la fin : une grande fête à la Plaines Images pour réunir et mettre à l’honneur ceux qui font vivre l’écosystème 🎉

    Wexperience sera de la partie !

    Et nous sommes très heureux de participer à cette première édition qui se déroule du mercredi 6 au vendredi 8 avril !

    Notre expert UX et e-commerce Olivier Sauvage sera présent le jeudi 7 à 14h pour vous parler des tendances UX et e-commerce 2022 !

    En 2022, beaucoup de sites de e-commerce ont atteint un niveau d’UX satisfaisant. Mais avec la crise du covid de nombreux acteurs de niches sont apparus qui proposent des expériences ecommerce plus riches, plus immersives, plus narratives, qui engagent plus les internautes. Quelles sont ces expériences ? Qu’apportent-elles de plus ? Comment les inventer ? Réponses le 7 avril au PIX 😉

    Pour rejoindre l’événement et cette conférence, c’est par ici 👇

    Plus de détails juste ici :

    On a hâte de vous y retrouver ! 😉

  • Wexperience sera au Com’en Or Day ce jeudi 24 mars!

    On se retrouve au Com’​en Or Day, édition 2022 !

    Le grand salon de la communication du Nord de la France, le Com’en Or Day revient à Lille Grand Palais ce jeudi 24 mars ! Et c’est avec un immense plaisir que nous y participons !

    Nous serons alors présents sur le salon pour vous rencontrer et échanger vos projets ainsi que sur nos thèmes favoris : l’UX, l’e-commerce, les tests utilisateurs et bien plus encore !

    Et pour rappel ! Lors de l’édition 2021 du Com’en Or Day, notre team avait remporté non pas un, mais deux trophées : le prix de l’Interface numérique et du Design graphique pour notre projet sur Heyme.care, site de mutuelle et assurance dédié aux étudiants et jeunes actifs.

    Un petit récap de ce super projet ? Vous pouvez consulter notre article juste ici 👈

    Et en bonus !

    Olivier Sauvage, jury Com'en Or Day, édition 2022

    Notre expert UX Olivier Sauvage a également l’honneur de faire parti du jury de cette nouvelle édition 2022 !

    Il passera à la loupe l’UX de vos projets, alors préparez-vous !

    En attendant, pour en savoir plus sur l’évènement et le concours, c’est par ici 👉 https://comenorday.com/

    On vous attend jeudi avec impatience !

  • Interview de Steven Hoober, auteur de Touch Design For Mobile Interfaces.

    Steven Hoober est l’auteur de Designing Mobile Interfaces publié en 2011, et est surtout connu pour ses recherches sur la manière dont les gens utilisent les smartphones et tablettes.

    Dans cette interview, il nous parle de l’utilisation des mobiles et de son nouveau livre Touch Design for Mobiles Interfaces.

    Très bonne lecture ! 😉

    Olivier Sauvage |

    De quoi traite votre nouveau livre Touch Design For Mobile Interfaces

    Steven Hoober |

    Tout est dit dans le titre ! C’est d’ailleurs pour cette raison que, finalement, nous avons décidé de ne pas le raccourcir. Le titre indique clairement aux lecteurs que le sujet abordé c’est la conception tactile des interfaces mobiles. Vous pourrez en apprendre davantage sur la manière dont les gens interagissent et touchent  leur smartphone. Et surtout, ce livre vous expliquera comment tirer profit de ces informations dans le but de concevoir de meilleurs services et de meilleurs produits numériques dotés d’un écran tactile.

    Olivier Sauvage |

    En 10 ans, l’utilisation des mobiles a-t-elle changé ? Si oui, de quelle manière ?

    Steven Hoober |

    Oui ! Le plus grand changement, c’est tout simplement le fait que maintenant, le mobile est partout ! Et j’insiste en disant partout, car il y a dix ans, il y avait encore un fossé entre l’ordinateur et le mobile. Bien sûr, les ordinateurs à écran tactile existaient, mais ça restait de vrais ordinateurs. 

    Aujourd’hui, la majorité des ordinateurs sont des écrans tactiles convertibles. Un quart du marché des ordinateurs est constitué de Chromebooks, qui n’est qu’une retombée d’Android, donc un système d’exploitation tactile. Et la plupart des utilisateurs les utilisent en mode tablette. 

    L’ordinateur de base, ce n’est plus un écran, une souris et un clavier de bureau. Qu’il s’agisse d’un téléphone, d’une tablette ou d’un ordinateur, maintenant il s’agit juste d’un appareil mobile à écran tactile. 

    Olivier Sauvage |

    Les utilisateurs utilisent-ils les mobiles différemment qu’il y a 10 ans ?

    Steven Hoober |

    Pas vraiment, non. La plupart de mes recherches ont révélé que les principes fondamentaux sont intrinsèques à la façon dont les mains, les yeux et le cerveau des gens fonctionnent. Il y a dix ans, les smartphones étaient des appareils tactiles capacitifs, et aujourd’hui c’est exactement la même chose. 

    Des choses comme le Force Touch (dispositif développé par Apple) n’ont jamais vraiment marché, donc on peut dire qu’il y a juste une évolution progressive, avec une légère tendance vers des appareils plus grands, mais le comportement des utilisateurs ne change pas tant que ça !

    Il y a dix ans, les smartphones étaient déjà très répandus. Et d’ailleurs, aujourd’hui près de la moitié du monde possède encore un téléphone mobile limité à des fonctions de base (feature phone), même si on fait comme si ce n’était pas le cas !

    Olivier Sauvage |

    Quelles sont vos meilleures recommandations pour la conception de sites et d’applications mobiles ?

    Steven Hoober |

    Pour les connaître, il suffit de lire le livre ! Mais je peux vous parler rapidement des points les plus importants, points que j’évoque depuis quelques années maintenant. 

    La première chose, c’est tout simplement de privilégier la conception de sites et d’apps plutôt que la conception de pages web. On devrait créer des modèles réutilisables, et s’assurer que chaque élément se trouve au bon endroit. Mais comment savoir si tel ou tel élément est bien au bon endroit ? Eh bien, nous savons que les gens regardent et touchent beaucoup plus le centre de l’écran et qu’ils sont moins précis sur les bords.

    En clair, il faut placer les éléments les plus importants au milieu de l’écran, les éléments les moins importants sur les bords, et les éléments rarement utilisés au niveau des menus, situés souvent dans les coins de l’écran. 

    Et tant qu’un menu contient toutes les choses qu’un utilisateur s’attend à trouver, tout va bien. Ensuite, vous voulez mettre en valeur les catégories de produits de votre magasin ? Pas d’onglets, pas de menus. Créez simplement une grille de catégories ou un ensemble de carrousels comme Netflix, présentant les produits, et placez-le au milieu de la page d’accueil. 

    Olivier Sauvage |

    Pourquoi devrais-je acheter votre livre ?

    Steven Hoober |

    Parce que vous allez le lire comme une véritable histoire ! 

    Contrairement à mon bouquin Designing Mobile Interfaces, sur lequel j’ai travaillé avec Eric Berkman aux éditions O’Reilly, il y a une dizaine d’années, beaucoup de gens étaient un peu ennuyés par le fait qu’il ne se lisait pas comme une histoire. 

    Mais celui-ci, si vous l’achetez, vous pourrez vous asseoir et le lire d’un bout à l’autre. Pas d’une traite car il compte 400 pages mais cette lecture vous apportera une compréhension approfondie de divers sujets ! 

  • SMX Paris : du SEO à l’UX, il n’y a qu’un pas.

    Qu’allions-nous faire au SMX Paris, un évènement dédié au SEO ?
    Eh bien, parler SEO et UX, justement, avec nos amis de l’agence WAM, une des meilleures agences SEO en France.
    Et qu’a-t-on bien pu y raconter ?
    Bah, vous ne devinez pas 🤔 ?

    Notre postulat : le SEO ne devrait pas s’intéresser qu’au ranking des sites. Il devrait aussi faire attention à ce qui se passe après le clic sur la SERP.

    L’UX comme moyen de capter l’attention et…


    L’utilisateur est-il content de ce qu’il y voit ? Y trouve-t-il son saoul ? Y reste-t-il ? Et pendant combien de temps ? Est-il engagé ? La page qu’il voit le satisfait-il, lui plait-elle ? Va-t-il y continuer sa navigation ?
    C’est ce sujet que nous avons abordé avec David Eichholtzer, le patron de WAM. Comment faire pour que, après que l’utilisateur ait cliqué sur un résultat de recherche, il reste sur la page qu’il va visiter ?

    Malgré tout l’art que déploient les SEO, construire une page qui « scotche » l’utilisateur reste un métier. Créer une landing page s’apprend et requiert d’autres qualités que celles de faire du ranking. On a besoin de comprendre l’intention de l’utilisateur et lui offrir un espace où il puisse respirer, ne pas être étouffé par trop de textes, avoir des espaces pour permettre à son regard de s’échapper, des photos engageantes, immersives, pleines d’émotions, que l’ensemble lui paraisse clair, facile, qu’il ait envie d’y cliquer. Un équilibre délicat à trouver.

    David l’a bien expliqué. L’utilisateur n’est pas un être rationnel, censé, suivant un trajet rectiligne de l’intention d’achat à l’achat, parfaitement clair avec lui-même et conscient de ses intentions. La réalité est tout autre, faite d’hésitations, de doutes, d’aller-retours, de chemins de traverses, de sauts en arrière ou en avant. C’est un cabri qui virevolte d’un point à un autre (plus de cent fois parfois pour faire un achat), indécis, imprécis, volage, volatil, qu’il est bien difficile d’attraper, de saisir. La complexité à comprendre sa trajectoire va croissante et rares sont les occasions de l’attirer et de capter ton attention.

    A gauche, le parcours utilisateur en théorie. A droite, le parcours utilisateur dans la vraie vie : un chaos.

    D’où l’utilité croissante de savoir « accueillir » comme il se doit le visiteur intempestif d’une page :

    • En créant des landing pages au contenu en adéquation avec l’intention,
    • En formatant ces landing pages comme de véritables espaces d’accueil visuels dans lequel l’utilisateur est immédiatement engagé.

    A cette aune, l’apport de l’UX parait évidente. Plusieurs fois nous avons parlé de landing pages ici. Plusieurs fois nous avons évoqué le besoin de simplicité, d’apparente facilité visuelle, d’attractivité, de séduction, de clarté dans la mise en page. De tous ces éléments qui font que l’utilisateur reste et ne revienne pas en arrière.
    Important à une époque où capturer l’attention de l’utilisateur devient un enjeu de plus en plus complexe. Comment le saisir alors que sur son écran de téléphone minuscule, il a du mal à garder sa concentration sur un sujet unique ? Des notifications aux évènements externes aux multi-tasking, elle est sans cesse perturbée et l’attention mise à mal par un flot presque continu d’inputs extérieurs.

    … comme moyen de créer des expériences engageantes !

    Richesse de l’expérience aussi. Car il ne s’agit pas juste de captiver, mais aussi de garder, de conserver.

    C’est par ce deuxième volet de l’expérience utilisateur que nous avons voulu conclure avec David. Comment rendre l’expérience attractive ? Comment transformer chaque visite comme une mini-aventure ? Le contenu ne doit plus être anodin. Il doit être riche, entraînant, presque divertissant. Habitués aux surprises des réseaux sociaux, les utilisateurs sont toujours en quête constante d’étonnement, d’inhabituel, de nouveauté. Même si on peut se douter qu’il ne s’attendent pas à une attraction de Disney sur une landing page d’assurance, il n’empêche que leur procurer une sorte d’émotion, un décalage avec leurs attentes, un trait d’humour peut les faire sortir de leur lassitude et capter leur attention, cette si précieuse attention.

    Un exemple de landing page engageante. Cliquez sur l’image pour voir l’expérience.

    Le SXO : un mythe

    Le SXO, cet animal étrange, n’existe pas.

    Le SXO, contraction d’UX et SEO, est un terme à la mode actuellement, mais nous avons largement démontré avec David qu’il n’existe pas. Offrir une bonne UX reste un métier d’experts et nécessite une connaissance et une capacité d’observation que ne possède pas les experts SEO. Concevoir des landing pages, créer des expériences est l’apanage des experts UX, mais il peut et doit être accordé avec les besoins de SEO. Pour aller plus loin que la simple sémantique des mots clés et la connaissance approfondie de l’algorithme de Google. C’est le cran supérieur du SEO.

    Wexperience est une agence qui peut vous accompagner dans de nombreuses prestations de construction de pages de site. Découvrez-les :

    Refonte de siteCréation de l’identité de marqueCo-conception de parcours utilisateur Tests utilisateurs

     

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    Vous êtes intéressé par l’une de nos prestations ? Vous souhaitez obtenir plus d’informations ? N’hésitez pas à contacter Steve, notre directeur commercial :

    Contacter Steve, notre directeur commercial !
    Photographie à la une par @SistrixFR.
  • Analyse d’interface : le simulateur de couleur de Leroy Merlin

    Où ? https://monsimulateurcouleur.leroymerlin.fr

    Quoi ? Un simulateur de couleur qui permet de visualiser un mur, une porte, une pièce peinte avec la couleur de votre choix.

    On l’a dit et répété, sur ce blog, avec de plus en plus de français tentés par le e-commerce, le télétravail, les difficultés croissantes à se déplacer, tous les outils qui permettent de faire du conseil en ligne sont les bienvenus pour améliorer l’offre de services sur un site de e-commerce.

    Exemple typique : un configurateur pour prévisualiser un produit personnalisé.

    Simulateur de couleur Leroy Merlin
    Le simulateur en action. J’ai repeint les murs de mon salon en gris… Comme vous le voyez, on peut encore colorer quelques zones en pointant dessus avec la souris. De manière générale, ça se passe plutôt bien, même si parfois la « peinture » déborde sur des zones non sollicitées.

    Un simulateur de couleur

    Mais ici, c’est un peu différent, puisqu’il s’agit d’un simulateur de couleur pour les clients de Leroy Merlin.

    Voilà un outil très intéressant qui va leur permettre de visualiser d’avance ce que pourrait donner une jolie couleur sur les murs de leur maison ou de leur appartement. Une idée simple, toute bête à mettre en œuvre, mais qui doit reposer sur une technologie parfaite de simulation de couleur sur une photo, ce qui n’est pas une chose évidente à fortiori.

    Nous l’avons testé pour vous sur smartphone et sur ordinateur, et le moins que l’on puisse dire est que l’expérience est plus que convaincante et intéressante.

    Comme vous le savez, il est toujours difficile d’évaluer l’usabilité d’une application sans en passer par un test utilisateur et nous ne vous dirons pas ici si cet outil est facile ou pas à utiliser. Nous l’avons essayé, bien sûr, et il nous a semblé simple à prendre en main. Mais, cela n’est que notre propre avis qui ne saurait refléter l’ensemble des personnes susceptibles de l’utiliser.

    Deux petites remarques tout de même !

    • L’outil est mille fois plus simple et convivial à utiliser sur desktop que sur mobile. Sur mobile, les photos sont vraiment petites et je me demande réellement si on peut se convaincre de choisir une couleur de peinture uniquement basée sur une prévisualisation minuscule et pas forcément très réaliste.
    • Il manque un peu de « douceur »… Il n’y a aucune animation ou micro-animation sur les boutons et sur l’outil en lui-même (ou pas suffisamment… On aurait pu imaginer un peu plus d’effets.), ce qui lui confère une sensation un peu « sèche ». Un manque de fun qui nous semble nécessaire quand on s’adresse à une cible grand public comme celle de Leroy Merlin. L’interface elle-même est assez austère graphiquement. Ça peut plaire ou pas, mais nous y aurions quand même mis un peu plus de rondeur et d’émotion.

    En tout cas, il serait intéressant de connaître le taux d’utilisation de cet outil, son taux de partage, mais également sa capacité à « driver » des clients en magasin (car la commande de peinture se fait toujours en magasin). Intéressant également serait de savoir si les clients de Leroy Merlin utilisent l’outil, mais renforcent leur conviction d’acheter telle ou telle couleur en regardant un véritable nuancier.

    Quelques conseils pour terminer !

    Chez Wexperience, nous croyons bien sûr fermement à l’utilité d’outils qui permettent aux clients de ne pas se déplacer en magasin et de pouvoir bénéficier de conseils directement en ligne.

    Mais… Conditions sine qua none pour que ça marche :

    • Il faut que le résultat soit vraiment proche de la réalité… C’est plutôt le cas ici, même si l’outil de peinture parfois bave un peu sur l’image nuisant au réalisme.
    • Il faut que ça soit extrêmement facile à prendre en main… Quand on est sur un site grand public, cela signifie réaliser de nombreux tests en amont pour valider cette facilité.
    • Il faut que ça soit un peu amusant pour que les utilisateurs aient l’envie de l’utiliser en allant plus loin que la simple curiosité de l’essayer.
    • Il faut que la perception du résultat soit suffisamment appétissante pour que les utilisateurs aient envie de l’essayer.

    Excellente journée à tous ! 😉

  • Interview avec Peter Post, directeur de l’agence Scholz & Volkmer.

    Chaque année, l’UX Design Awards, concours mondial d’expériences exceptionnelles décerné par le Centre international du design de Berlin, récompense les marques qui font l’expérience digitale de demain !

    Dans le cadre de l’édition 2022, nous avons eu l’honneur de réaliser une interview de Peter Post, directeur de l’agence Scholz & Volkmer et membre du jury du concours UX Design Awards.

    [Cette interview est une traduction de l’anglais d’un dialogue entre un français et un allemand. Pour cette raison, certaines tournures de phrase en français vous paraîtront peut-être bizarres. D’avance, veuillez recevoir nos excuses.]

    Peter Post |

    Bonjour Olivier !

    Olivier Sauvage |

    Bonjour Peter, je suis content de vous rencontrer !

    Peter Post |

    Le plaisir est partagé !

    Olivier Sauvage |

    Pour commencer, pouvez-vous nous parler des projets qui vous ont le plus impressionné l’année dernière ? 

    Peter Post |

    Le dernier jury, c’était il y a à peine deux semaines. J’ai été très impressionné par le travail des étudiants. Et si je dis ça, ce n’est pas parce que le travail réalisé par les professionnels était pauvre, je pense juste que nous n’avons pas assez de candidatures. Mais c’est un autre problème ! En tout cas, c’est intéressant de voir à quel point les travaux des étudiants sont devenus matures et beaucoup plus réfléchis. C’est peut-être parce que le niveau des académies s’améliorent. Les étudiants peuvent y apprendre plus de choses. Ils acquièrent une meilleure méthodologie et apprennent davantage de choses sur la recherche utilisateur et tout ce qui concerne l’UX design. 

    Dans leurs projets, on sent qu’il y a un véritable travail de conception de l’expérience utilisateur. Ils ne font pas que du travail de recherche, ils effectuent des interviews avec des vrais utilisateurs, ce qui est très important, nous le savons, dans la conception d’interface. Le contact avec les vrais utilisateurs, c’est primordial !

    Et évidemment, ils ont aussi la bonne méthodologie et les bon outils. Ce faisant, les problèmes qu’ils choisissent pour leurs travaux deviennent de plus en plus pertinents. ce que j’ai trouvé de réellement différent cette année, c’est le fait que les problématiques abordées deviennent de plus en plus liées à des soucis environnementaux et sociaux. Et c’est une excellente chose ! Car en ce moment, tout le monde parle de sauver la planète et de faire du travail social. Mais je me souviens qu’il y a 10 ans ce n’était pas l’intérêt, ni l’objectif principal des designers. C’est donc une bonne évolution.

    Ce n’est pas juste « Je veux sauver la planète » mais plutôt « Je veux aider à résoudre ce problème précis ». Il y a cette volonté de faire un travail acharné et complet pour vraiment cerner ce problème et parvenir à le résoudre. Et donc c’est moins naïf. J’ai donc hâte que ces talents entrent dans l’industrie. Je suis directeur général d’une agence, ce qui fait que je suis toujours à la recherche de jeunes talents. Je pense donc qu’il y a de bonnes personnes qui arrivent dans l’industrie et c’est ce que j’aime particulièrement.

    Concernant cette année, il y a un projet qui s’appelle « Luis Hug ». C’est un projet réalisé par des étudiants et c’est d’ailleurs la « Récompense Or ». Et si la meilleure récompense a été attribuée à un étudiant, cela en dit beaucoup sur les Awards de cette année. Ce projet, nous l’aimons beaucoup ! C’est une sorte d’outil ludique pour les enfants trisomiques et les étudiants qui ont réalisé ce projet ont trouvé une excellente manière d’aborder les problèmes de ces enfants. Leur objectif était de créer quelque chose d’interactif. Ils ont donc eux-mêmes modélisé le prototype. Le produit qu’ils ont réalisé s’apparente à une sorte de coussin que vous pouvez mettre autour de vous. C’est quelque chose de très doux, très simple et surtout très agréable à utiliser. Je pense qu’il y a eu beaucoup de réflexions sur la manière dont les enfants peuvent interagir avec cet objet. Et c’est également un instrument de musique ! En fait, tout est pensé à partir du tissu. Il n’y a pas de boutons, il suffit de le toucher pour pouvoir jouer des mélodies. Et même le design sonore est vraiment bien pensé. Nous étions très enthousiastes pour ce projet !

    Il y a aussi un autre projet que j’ai beaucoup aimé et qui s’appelle « ZUGI ». Il s’agit d’une étudiante qui a développé une méthodologie intégrant les cultures au sein de la conception d’interface. Elle a donc pris la méthode typique de réflexion sur le design que nous connaissons tous et a injecté à ce thème de la différence culturelle.

    Elle a réalisé un projet basé sur des distributeurs de billets de train. J’ai déjà réalisé ce genre de projet et c’est un travail très, très difficile parce que la culture, c’est quelque chose de complexe. Ce n’est pas comme si je voulais aller de Francfort à Munich et qu’il n’y avait qu’une seule manière de le faire. Il y a plusieurs façons de procéder pour aller de Francfort à Munich. C’est donc assez complexe ! Et en plus de cela, en ce qui concerne les prix, tout le monde a des exigences supplémentaires, comme par exemple prendre son vélo ou son animal de compagnie ! Alors, même si vous concevez pour un citoyen coréen en Corée, il faut également penser aux autres populations, aux touristes.

    J’aime beaucoup ce projet parce qu’il y a un bon équilibre entre théorie, méthodologie, et surtout parce qu’il y a un super design. Quand on le voit, on ne l’oublie pas ! Elle a vraiment fait un énorme travail en s’attaquant à toutes les étapes. Donc, oui, pour toutes ces raisons, c’est un projet que nous avons beaucoup aimé.

    Olivier Sauvage |

    Ah oui, c’est très intéressant, surtout pour nous en France. Vous le savez peut-être, mais la semaine dernière, notre principale compagnie ferroviaire, la SNCF a lancé son nouveau site internet et sa nouvelle application pour commander des billets. Il y a eu un très gros bad buzz. J’ai d’ailleurs écrit un article sur ce sujet ! Des milliers de personnes se plaignaient. Peut-être seront-ils intéressés par cette solution. Peut-être que cela pourrait les aider. Je ne sais pas, mais effectivement, il s’agit là d’un problème très compliqué. C’est certain !

    Peter Post |

    Oui, ça l’est. Et d’ailleurs, notre agence a également fait ce travail il y a 7 ans pour l’une de nos compagnie de chemin de fer allemande : Deutsche Bahn. Nous avons travaillé pendant deux ans là-dessus. Et peut-être que la différence avec la SNCF, c’est que nous, nous avons fait beaucoup de tests utilisateurs afin de s’assurer que tout fonctionne et que le site internet plaise. Beaucoup d’argent et d’effort ont été mis dans ce projet. Nous étions donc totalement sûrs que c’était génial ! Mais lors du dernier test utilisateur, une semaine avant que tout soit mis en ligne, c’était une véritable catastrophe ! Le problème ne venait pas de la nouvelle version du site, qui était en fait très appréciée… Les gens avaient juste du mal à accepter le changement ! Les utilisateurs disaient : « Vous ne pouvez pas changer quelque chose que j’utilise tous les jours, juste comme ça, car c’est complètement différent. C’est sans doute mieux, mais je n’accepte pas que vous effectuez un changement aussi important sur un outil que j’utilise tous les jours ».

    Mais heureusement, la Deutsche Bahn a décidé de lancer le site. Ce n’était pas un bad buzz malgré des mauvais commentaires comme a pu en recevoir la SNCF en France, mais au bout de deux semaines, tout s’est calmé. Ça sera sûrement la même chose pour la SNCF !

    Olivier Sauvage |

    Je pense qu’ils ont procédé exactement de la même manière ! Ils ont fait beaucoup de tests, si je ne me trompe pas, avec environ 5 000 personnes, et ils ont également changé le design d’interface. C’est complètement différent de celui d’avant. Beaucoup de personnes sont perturbées, mais en réalité, ce n’est pas compliqué. Selon moi, c’est même plus facile, c’est juste que c’est difficile de s’y habituer. Et vous savez, en France on aime râler…

    Et je ne sais pas si c’est la même chose en Allemagne qu’en France, mais la SNCF c’est comme si c’était notre entreprise. C’est soi-disant une entreprise publique, car ce n’est pas vraiment public, mais soit, les gens pensent que tout changement se doit d’être parfait, mais c’est impossible !

    Dernière question ! Quelles seront, selon-vous, les tendances UX design pour l’année 2022 ?

    Peter Post |

    S’il y a bien une chose que j’ai remarqué cette année, c’est que les designers de produits industriels essaient de réduire au maximum l’aspect numérique. Nous avons eu un produit, si je me souviens bien, celui de Hewlett Packard qui était une imprimante de bureau à domicile : « HP Magic Touch Panel UI ». Et on ne pouvait pas voir l’interface, il y avait simplement le couvercle. La conception du produit était très soignée, très propre. Et en fait, c’est en touchant ce fameux couvercle qu’un écran tactile apparaît. En clair, il n’y avait aucun bouton, juste un écran. Les menus étaient très simples, très bien exécutés. Une partie du jury aiment beaucoup ce produit car il était très harmonieux et très minimalisme. Juste en touchant le produit, on avait un graphisme en noir et blanc, très simple, très épuré comme un affichage basé sur la conception d’icônes.

    Une partie du jury a adoré ! Moi, en tant que designer digital, j’était plutôt du genre “Je pourrai passer des heures devant cette imprimante en me demandant « Mais bon sang, où sont les boutons ? Qu’est-ce que je dois faire pour faire fonctionner cette machine ? » Il y avait donc une vraie discussion pour savoir s’il s’agissait d’une bonne ou mauvaise chose.

    Et en fait, l’idée de “zéro UI”, c’est d’avoir vraiment aucune UI. En, clair, une machine qui fonctionne simplement en fermant une porte ou un couvercle ou simplement en s’y approchant. Et ça, c’est une tendance !

    Il avait plusieurs produits conçus dans cette optique là. Il y avait par exemple un four et un lave-vaisselle. Il y avait un bouton, pas plus, et le reste fonctionnait avec uniquement des capteurs situés à l’intérieur. Ces capteurs permettaient de voir à quel point la vaisselle était sale. La majorité des actions était réalisée par la machine elle-même. Il y avait donc cette notion d’intelligence. Et encore une fois, le jury a eu une discussion très intéressante sur le fait de savoir si c’est une bonne chose ou pas. Mais ce qui est sûr, c’est que c’est une tendance !

    Il y en une autre aussi ! Tout à l’heure, je parlais du fait que les étudiants décidaient de plus en plus ce sur quoi ils veulent travailler. Eh bien, il y a un projet très intéressant sur les actualités. Il s’agissait plus précisément d’un projet en lien avec Facebook et donc d’un projet assez critique. L’étudiante a essayé d’analyser de l’extérieur comment fonctionnait l’algorithme de Facebook, car tout le monde ne le sait pas !

    Elle a eu des idées assez radicales comme le fait de payer pour avoir plus de contrôle sur son fil d’actualité. On pourrait par exemple voir précisément lequel de nos amis influence notre fil d’actualité et avoir la possibilité de le changer. C’est une question intéressante, parce que je suis peut-être ami avec quelqu’un avec qui j’apprécie aller boire un verre, mais peut-être que je ne suis pas totalement d’accord avec ses opinions politiques. Mais si nous sommes amis sur Facebook et que nous discutons régulièrement, je vais probablement avoir dans mon fil d’actualité tout ce qui concerne ses opinions politiques !

    Je ne veux pas voir ça en fait, mais je ne sais pas si je reçois ce flux à cause de personnes que je connais ou parce que Facebook sait que je suis plus engagé avec du contenu que je n’aime pas, ce qui est évident. Donc j’aime beaucoup le projet. C’était probablement le projet le plus politique que nous avons vu. Mais dans l’ensemble, ce qui est intéressant, c’est que les étudiants ciblent les problèmes sociaux et moins le climat, ça change !

    Et je pense que la pandémie a beaucoup joué. Les étudiants ont connu la solitude, ils ont connu le manque d’interactions avec les autres humains. Cela a évidemment influencé leur vision du monde et accentué certaines problématiques auxquelles nous devons faire face car, personnellement, je pense toujours que le changement climatique est le plus gros problème qui puisse exister.

    Et il y avait des projets vraiment, vraiment bien exécutés. Il y en avait un, je ne sais plus exactement le nom, mais il s’agissait d’une application caritative. La problématique était tout simplement de savoir où va l’argent que l’on donne. C’est vrai, on donne de l’argent à une machine, une entreprise, ou une association, mais on entre pas en contact avec les personnes dans le besoin. Après tout, peut-être que ce qui va être fait avec mon argent ne va pas me plaire. Pour répondre à cette problématique, elle a construit un petit réseau social où l’on peut justement entrer en contact avec la personne que l’on souhaite aider. Ces gens dans le besoin ont des smartphones. Ils peuvent alors poster des contenus en ligne pour exprimer ce dont ils ont besoin, pour eux, pour leur famille ou pour leur maison. Ce qui était très intéressant dans ce projet, c’est qu’elle l’a construit de telle sorte que, par exemple, si je veux soutenir quelqu’un en Syrie ou en Thaïlande, eh bien les choses ne seront pas achetées sur Amazon et envoyé là-bas. Elles seront achetées dans un petit magasin local. Donc, l’argent que vous donnez reste dans cette communauté en question que vous voulez aider.

    Encore une fois, la tendance intéressante à soulever ici, c’est que les jeunes se soucient davantage des relations sociales et des problèmes sociaux !

    Une autre tendance que j’ai remarqué parce que je me soucie beaucoup du design graphique, de la marque et du design visuel, c’est tout simplement le fait que la conception visuelle et le design deviennent très pauvre de nos jours. En vérité, les entreprises et les concepteurs UX se concentrent beaucoup sur la convivialité et l’acceptation, ce qui est bien. Ils utilisent tous le même kit UI. Tout se ressemble. C’est super pour l’utilisabilité mais j’ai le sentiment que nous perdons totalement la notion d’identité de marque et de design. Je pense alors qu’il y a aujourd’hui cette tendance du design « unifié », c’est-à-dire cette tendance à utiliser des illustrations linéaires que vous pouvez acheter pour quatre ou cinq dollars sur Shutterstock.

    Tout le monde fonctionne comme cela maintenant. Nous avions sept projets qui utilisaient tous les mêmes illustrations, et je me demande : est-ce que la façon d’interagir avec une association caritative est semblable à la façon d’interagir avec des patients dans un hôpital ? Je ne pense pas. Mais c’est une tendance… Que je n’aime pas !

    Olivier Sauvage |

    C’est très intéressant ! Je n’y avais pas pensé, mais je suis vraiment d’accord avec ça. Il est de plus en plus évident que les designers UX ne sont que des designers UX. Ce ne sont pas du tout des designers et ils ne comprennent pas l’émotion qui peut se dégager d’une interface. Et en fait, je pense que c’est très intéressant de travailler sur ce sujet. L’identité que l’on retrouve en France, l’ADN de l’entreprise… Je pense que c’est une façon de vous différencier de vos concurrents, par exemple, mais les gens l’oublient très souvent. Donc ce que nous voulons, c’est une interface utilisateur très efficace, des sites web très rapides, etc.

    Peter Post |

    En tant que designer, je pense que l’usabilité doit passer en premier. Je comprends, nous ne devrions pas sacrifier l’usabilité pour une conception visuelle. Absolument pas. Mais sur certains projets, seulement la moitié du travail était fait, c’est le sentiment que j’ai eu. Et ce n’est pas que le design graphique ou l’identité de marque fassent obstacle à l’usabilité, pas du tout. C’est juste quelque chose que vous devez creuser et approfondir.

    Et maintenant, à cause des systèmes modulaires, des systèmes de gestion de contenu basés sur des modules et d’atomic design, nous avons de plus en plus de designs de sites basés uniquement sur des blocs de construction qui certes, fonctionnent bien mais qui se répètent. Et si je regarde les récompenses attribuées à des projets plus « visuels », je vois un vrai travail créatif et une volonté de sortir de ce système modulaire pour raconter une histoire immersive. En revanche, quand je suis sur le site de la SNCF, je ne veux pas de fioritures. C’est précisément ce genre de site qui doit être très strict et très modulaire. Tout est question d’adaptation.

    Olivier Sauvage |

    C’est amusant, car c’est exactement ce que j’ai dit dans l’une de mes dernières publications sur notre blog. Nous devons raconter plus d’histoires sur Internet. Je suis d’accord avec vous… Quand j’ai besoin d’un billet, je veux l’obtenir rapidement et très simplement. Mais lorsque j’achète en ligne, je ne veux pas seulement acheter une robe ou un pantalon. Je veux découvrir quelque chose. Et il y a un écart entre les deux approches. Il est vrai que les gens ne se concentrent que sur l’usabilité. C’est l’usabilité, l’usabilité ! Maintenant, nous perdons quelque chose, mais cela reviendra, j’en suis sûr !

    Peter Post |

    Je fais ce métier depuis maintenant 25 ans et il y a une chose que j’ai appris. Il y a eu un moment charnière où nous avions nous faisions des choses folles, et nous adorions ça et les développeurs aussi ! Mais soyons honnêtes, il y avait beaucoup de choses inutiles que personne voulait. Nous le faisions parce que nous étions capables de le faire. Et maintenant, on est focus totalement sur ces notions d’usabilité, d’acceptance, d’efficacité, de temps de chargement et de tout ça !

    Mais en effet, je pense que ça reviendra. Certaines personnes nous ont dit : “Nous sommes capables de faire quelque chose d’immersif, de surprenant et de raconter des histoires mais bien sûr, c’est plus compliqué à faire que de simplement prendre WordPress et d’assembler certains modules les uns avec les autres. » Donc oui, on en est capable !

    Olivier Sauvage |

    Merci beaucoup Peter d’avoir répondu à mes questions. C’était vraiment très intéressant !

    Pour découvrir tous les gagnants de cette édition 2022, c’est juste ici 👈

  • Interview with Ake Rudolf, the UX Design Awards’ director !

    The UX Design Awards are a global competition for excellent experiences. The awards are open for outstanding products, services, environments, concepts and visions, as well as for bachelor’s and master’s projects from all over the world.

    For the 2022 edition, we were honored to conduct an interview with Ake Rudolf, director of the UX Design Awards.

    Olivier Sauvage |

    Hello Ake ! So, you are the Awards’ Director for the UX Awards in Berlin. Can you describe for you in a few words what The Design Awards are ?

    Ake Rudolf |

    Well hello, welcome and glad to be here.

    The UX design awards are a competition for user experience and experience design. It takes place twice a year, we actually reward, of course, experiences in all fields, and all branches, for products, concepts, prototypes, for professionals but also new talents are welcome with bachelor and master projects. 

    Olivier Sauvage |

    Ok, so, two questions in one. When and why did you create these awards?

    Ake Rudolf |

    Founded in 2008 as an exhibition for good usability, the IDZ established in 2015 the UX Design Awards.

    The reason is, the awards are given by the international design center, Berlin. We are a non-profit design association and institution, so, it is our mission to promote good design. We started out actually with an exhibition on usability and product in one of the largest fairs in Germany (IFA) for electronics in Berlin. We started to educate people about good usability in products and create more awareness about the issue of user experience.

    Olivier Sauvage |

    Is the UX design Awards open to everyone? 

    Ake Rudolf |

    Yes, We have two open participation calls each year, one from March to May and on from September to November. So, companies, agencies, institutions, also research organizations can submit to two categories actually : to products, market ready products, services, environments and concepts that can be prototypes, MVP’s even research projects. And students at universities can submit bachelor and master projects to the new talent category.

    Olivier Sauvage |

    Ok, and how many participants are there this year ?

    Ake Rudolf |

    This year we had about 300 submissions from almost 60 countries and among those, the jury nominated close to 100 submissions to actually compete in the awards. 

    Olivier Sauvage |

    How many from France? 

    Ake Rudolf |

    Well, this year, actually, we have two, I think. And one is very well known, its Renault. So we are holding thumbs for France. 

    Olivier Sauvage |

    What does it bring to the winners? What do the winners get out of it? 

    Ake Rudolf |

    Well, actually, of course, an award is about gaining international recognition, and this is something we do very well. We have created a community of about 80 000 followers throughout the whole world, user experience professionals, so companies and agencies, of course, strengthen the visibility and the experience in the UX field. Teams and designers, they earn credit, and they build their professional reputation. And of course, we invite all participants to join our community of UX experts worldwide, so they have access to knowledge sharing, to digital events. And of course, they get a validation by an international jury, which is very important.

    Olivier Sauvage |

    Ok, good, thank you very much Ake !

    Please join us on 1 March 2022, as we celebrate outstanding experience design in our Virtual Award Ceremony 😉

  • Interview d’Ake Rudolf, directeur de l’UX Design Awards.

    Chaque année, l’UX Design Awards, concours mondial d’expériences exceptionnelles décerné par le Centre international du design de Berlin, récompense les marques qui font l’expérience digitale de demain !

    Dans le cadre de l’édition 2022, nous avons eu l’honneur de réaliser une interview d’Ake Rudolf, directeur de l’UX Design Awards.

    Olivier Sauvage |

    Bonjour Ake, puisque vous êtes le directeur des UX Design Awards à Berlin, pouvez-vous décrire en quelques mots ce que représente ce concours ?

    Ake Rudolf |

    Bonjour Olivier !

    L’évènement UX Design Awards est un concours portant sur l’expérience utilisateur et le design des interfaces web. Il se déroule deux fois par an et a pour objectif est de récompenser les meilleures expériences web.

    C’est un concours à destination des professionnels, mais les nouveaux talents sont les bienvenus pour présenter des projets de niveau Bachelor et Master.

    Olivier Sauvage |

    Quand et pourquoi avez-vous créé les UX Design Awards ?

    Ake Rudolf |

    Fondé en 2008 en tant qu’exposition sur la bonne utilisabilité, l’IDZ (The International Design Center Berlin) a établi en 2015 les UX Design Awards.

    Nous sommes en fait une association et une institution de design à but non lucratif. C’est donc notre mission de promouvoir le meilleur en termes de design et d’interface web.

    En fait, tout a débuté dans un des plus grands salons en Allemagne (IFA) pour l’électronique à Berlin. Nous avons commencé à instruire les gens sur le bon usage des produits, et à les sensibiliser davantage sur la question de l’expérience utilisateur.

    Olivier Sauvage |

    Est-ce que les UX Design Awards sont ouverts à tout le monde ?

    Ake Rudolf |

    Oui, bien sûr ! Et nous avons d’ailleurs durant l’année deux appels aux candidatures : un de mars à mai et un de septembre à novembre. Durant ces périodes, tout le monde peut participer, que ce soit des entreprises, des agences, des institutions ou encore des organisations de recherche.

    Et bien évidemment, ils peuvent candidater à la catégorie de leur choix : Produits, Services, Environnements et Concepts. Il y a également une catégorie « Nouveaux Talents » dans laquelle les étudiants d’universités peuvent soumettre des projets de Bachelor et de Master.

    Olivier Sauvage |

    D’accord, très bien ! Et combien y a-t-il de participants ? 

    Ake Rudolf |

    Cette année, nous avons eu environ 300 soumissions de près de 60 pays. Parmi eux, le jury a nominé environ 100 candidatures pour participer aux UX Design Awards.

    Olivier Sauvage |

    Combien de candidatures viennent de la France ?

    Ake Rudolf |

    Alors, cette année, nous en avons deux, dont un qui est très connu. C’est Renault !

    Nous pensons que la France a ses chances !

    Olivier Sauvage |

    Remporter ce prix, selon vous, qu’est-ce que cela apporte aux gagnants ?

    Ake Rudolf |

    Tout d’abord, gagner un award permet d’acquérir une reconnaissance internationale. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avons réussi à créer une communauté d’environ 80 000 adeptes dans le monde entier. Et cette communauté, constituée de professionnels de l’expérience utilisateur, participe grandement à renforcer la visibilité des entreprises et des agences qui participent à la compétition.

    Les équipes et designers gagnent donc en crédibilité et construisent leur réputation professionnelle. Et bien sûr, nous invitons tous les participants à rejoindre cette communauté d’experts UX, afin qu’ils aient accès au partage des connaissances ainsi qu’aux événements numériques.

    Et bien sûr, ils obtiennent une validation par un jury international, ce qui est très important, je pense, pour en savoir plus sur la qualité de votre projet !

    Olivier Sauvage |

    Merci beaucoup, Ake !

    Vous êtes intéressés par la cérémonie des UX Design Awards qui se déroule en live ce mardi 1er mars ? Pour y assister, c’est par ici 👈

  • Que nous apprend la mise à jour de SNCF Connect ?

    La transformation de Oui.SNCF en SNCF Connect qui provoque mécontentement et moqueries devrait nous rappeler à quel point il est difficile de conduire ce genre d’opération. Et aussi… qu’il faut avoir un certain sang froid pour arriver à supporter la déferlante de commentaires négatifs qui peut s’en ensuivre sur les réseaux sociaux ! Mais ça, ça n’est pas un problème d’UX.

    En dehors de savoir si les équipes de SNCF Connect ont bien fait leur travail ou pas, cette transformation appelle plutôt à plusieurs réflexions.

    1) Oui, l’UX, c’est important.

    Si vous n’en étiez pas encore convaincu, ça devrait être chose faite. Changer son interface drastiquement, comme l’a fait SNCF Connect, montre que tout changement provoque des remous. Et que plus ces changements sont importants, plus les remous le sont aussi. Et ces remous ne génèrent pas que de la colère ou de la moquerie, mais ils se traduisent bien également en perte d’argent. Que ce soit Le Monde, Le Point ou d’autres, tous les journaux l’on dit : avec ce changement, de nombreux clients de SNCF Connect se sont tournés vers des concurrents.

    A ce sujet, il n’est pas inutile de relire ce que dit le fondateur de Capitaine Train (aujourd’hui Trainline).

    Changer votre interface, si vous ne prenez pas les précaution d’usage, peut vous faire perdre beaucoup quand on s’occupe d’un site qui reçoit des millions de visiteurs par mois.

    Mais c’est vrai aussi pour des sites plus petits.

    2) Tout changement génère de l’insatisfaction

    Voilà ce qui se passe quand on refond un site. En moyenne, il faut compter 60j pour revenir à la normale.

    Comme je l’avais montré dans ma conférence sur les habitudes au Nord Conversion Day en 2019, tout changement dans une interface entraîne de devoir bousculer les habitudes des utilisateurs. Et, qu’on le veuille ou non, changer les habitudes génère automatiquement de l’insatisfaction.

    Cela est vrai quelque soit le site ou l’application, et quelque soit la qualité de votre travail.

    La maxime dit « On ne peut pas faire d’omelette sans casser d’œuf ». En UX, on dirait : « On ne peut pas faire de refonte sans mécontenter les utilisateurs ».

    Lorsque vous refondez entièrement un site, vous devez donc absolument vous préparer à défendre votre travail et à répondre à la critique. Qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur de votre entreprise. Considérez que cette mission de défense fait vraiment partie de votre travail de designer, si vous êtes designer, ou de responsable ecommerce, si vous êtes responsable ecommerce.

    Lest réactions des gens après une refonte. Certaines personnes n’accepteront jamais le changement.

    3) Il vaut mieux avoir des nerfs en acier

    Je n’aimerais pas avoir à subir ce que doivent subir les équipes de SNCF Connect en ce moment. Que ce soit les équipes de design, ou les équipes techniques.

    Chaque bug, chaque remontée client doit être comme une piqûre de moustique. Sans compter, sans doute, la pression de la hiérarchie.

    Alors oui, mieux vaut avoir des nerfs en acier.

    Mais ce qui est plus important, c’est mieux vaut avoir le soutien de sa hiérarchie et sa pleine confiance. Et mieux vaut aussi que chacun fasse confiance à l’autre pour résoudre les problèmes.

    Car, c’est sans doute dans cette phase de mise en production que les nerfs sont les plus mis à rude épreuve, et c’est sans doute dans cette phase que tous doivent se serrer les coudes le plus possible.

    Cela montre que la réussite d’un projet, ça n’est pas seulement une question de compétences et de talents, mais aussi de mental et d’état d’esprit.

    Plus vos équipes en interne seront solidaires, plus elles seront humbles et honnêtes envers elles mêmes, mieux se passera cette phase qui peut durer parfois plusieurs mois.

    Finalement, SNCF Connect aurait-elle pu faire mieux ?

    Je n’aurais pas l’outrecuidance de critiquer le travail des équipes de SNCF Connect, mais comme il est toujours utile de se poser des questions sur comment on aurait peut améliorer les choses, voici ce que j’aurais essayé de faire si j’avais été à la tête d’un tel chantier (et heureusement, ça n’était pas le cas, je n’en aurais pas le courage).

    Eviter le big bang.

    Tout changer d’un coup est toujours dangereux. Si l’on prend les grands sites américains, on voit qu’ils évoluent la plupart du temps en douceur, par petites touches. Citez moi une seule fois un moment où vous vous êtes aperçu que Amazon avait changé. Et pourtant le site d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui d’il y a vingt ans. Tout comme celui de Google.

    Les américains évitent toujours ces chocs qui induisent, quand les sites ont énormément de trafic, des problèmes aux proportions gigantesques, voire ingérables.

    Mais, à vrai dire, même de petits changements sur des sites ou des apps à très grand nombre d’utilisateurs peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Preuve est la mésaventure de Snapchat en 2017 qui, suite à un commentaire négatif de Kylie Jenner, la jeune sœur de Kim Kardashian, avait fait perdre 1,3 milliards de dollars de valo à la « startup » après qu’une mise à jour mineure ait été mise en production dans l’application. Ewan Spiegel, le patron de Snapchat s’en excusa même auprès des salariés et des utilisateurs en reconnaissant que Snap n’avait pas assez testé son application.

    Laisser le choix de revenir en arrière

    Ce n’est peut-être pas possible dans le cas de SNCF Connect, mais c’est quelque chose que Google fait de temps en temps. Par exemple, Gmail permet toujours d’être utilisé dans deux versions différentes quand il y a un changement. L’ancienne et la nouvelle. Les utilisateurs sont poussés progressivement vers la nouvelle version et n’y vont que seulement quand ils le désirent.

    Préparer au changement

    J’avoue que je n’ai pas beaucoup pris le train, ces derniers temps, mais, en temps normal, je suis un utilisateur fréquent. Pour autant, il ne m’a pas semblé avoir vu passer des mails d’avertissement ou des messages de changements de l’application de SNCF Connect.

    Je me doute bien que tout ce qui a été mis en production a été testé et retesté auprès de larges panels d’utilisateurs. Mais un bon conseil, pour préparer au changement, est de toujours prévenir à l’avance tout ses utilisateurs de la venue de la nouvelle marque et du nouveau site. Ça n’évitera ni les bugs ni les changement d’habitude, mais ça permettra une meilleure acceptation du changement.

    Quand Google Docs est devenu Google Drive, Google avait prévenu longtemps à l’avance ses utilisateurs et leur laissait le choix ou pas de changer leur application.

    Changer de marque et refonte en même temps, une mauvaise idée ?

    On peut comprendre l’intérêt stratégique de tout changer en même temps et de créer un choc dans l’opinion publique et celle de ses clients. Mais arrimer une refonte de l’ergonomie d’un site à une nouvelle marque me semble comme s’ajouter une difficulté supplémentaire à quelque chose de déjà suffisamment difficile.

    Peut-être que le changement aurait pu être fait en deux temps dans le cas de SNCF Connect :

    1. l’ergonomie
    2. la marque

    Ou l’inverse 🙂

    Conclusion

    Dans tous les cas, ne prenez jamais une refonte comme une promenade de santé ou une partie de plaisir. C’est toujours un travail de longue haleine qui déborde facilement des plannings initiaux et qui est toujours beaucoup plus compliqué que ce qu’on attend.

    Alors, quand vous lancerez dans votre prochain projet de refonte, pensez-y ! Et pensez surtout à préparer les esprits autour de vous que les choses nécessiteront soutien, solidarité et patience !