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Catégorie : Les Carnets de l’UX par Olivier Sauvage

  • Questions d’UX sur le Métavers

    Le Métavers plus facile à utiliser que l’Internet, vraiment ?

    Un des arguments des défenseurs du Métavers est qu’il permettra de rendre les interactions homme-machines plus faciles, plus simples et donc plus accessibles. Notamment, le Métavers pourra permettre à des personnes en difficultés avec le numérique de pouvoir plus simplement,par exemple, effectuer des démarches administratives.

    Un autre de ces arguments est que le Métavers pourra permettre des activités de shopping pour le monde réel améliorées.

    Projection du Métavers

    Malheureusement, je ne crois pas du tout à cette promesse. Ce n’est pas parce que nous imitons le monde en 3D qu’il est plus facile d’utilisation. Au contraire, ça serait même sans doute l’inverse. Car ce que nous prenons pour de la réalité, n’en est, en fait, qu’une mauvaise imitation, très limitée, et obligeant les utilisateurs à un apprentissage qui est loin de reproduire les interactions naturelles de la vie de tous les jours.

    Et c’est en cela que je pense que beaucoup de pronostiqueurs se trompent sur l’utilisabilité du Métavers.

    Rien n’est naturel dans le Métavers

    D’abord, rien n’est naturel dans le Métavers.

    Le corps humain est projeté dans un univers dans lequel tous ses sens sont trompés. Seule la vision est à peu près respectée, mais pour le reste, tout est factice : l’odorat n’est pas sollicité (même si j’ai déjà vu un prototype de casque capable de reproduire certaines odeurs), les sons sont spatialisés, la température n’est pas rendue, l’espace dans lequel se meut l’utilisateur est distendue par rapport à la réalité des déplacements.

    Tout cela demande une adaptation de l’utilisateur, notamment au niveau de l’équilibre. C’est un des effets les plus rebutants des casques de VR : la sensation de nausée, dû au décalage entre ce qui est vu et ce qui est réellement vécu par le corps. Quelques études commencent à sortir sur ce sujet et elles montrent que c’est encore un problème prédominant.

    Qui plus est, même si quelques personnes pourraient être aptes à porter un casque longtemps pendant la même journée, ça ne sera sûrement pas le cas pour la majorité des utilisateurs. Outre le fait que ça sera sûrement très inconfortable, mais avec des progrès dans ce domaine, le fait d’être occulté du reste de votre environnement pose de sérieux problèmes sociaux que le casque de VR ne pourra pas empêcher.

    Une ergonomie loin d’être parfaite

    La deuxième difficulté réside dans l’interactivité du casque en lui même… ou plutôt de ce qu’il y a à l’intérieur.

    Pour l’avoir essayé, l’Oculus, le casque de Méta, n’offre pas pour l’instant une ergonomie satisfaisante. De nombreux progrès restent à faire, notamment dans les interfaces internes qui obligent à viser avec un rayon des boutons qui se trouvent (virtuellement) à plusieurs mètres de l’utilisateur.

    Pour l’instant, de nombreuses applications utilisent les manettes fournies avec le casque. Ces manettes sont assez compliquées à prendre en main, du fait, qu’elles possèdent plusieurs boutons, qu’il n’est pas vraiment possible de voir, mais dont le fonctionnement, la plupart du temps est à deviner par l’utilisateur, car chaque application les utilise différemment. Honnêtement, ça sera compliqué pour ceux qui ne sont pas très familier avec ce type d’interface.

    Méta travaille tout de même sur des améliorations et il est même possible d’utiliser directement ses mains dans le Métavers, ce qui est assez bluffant. Vous pouvez voir vos mains, les utiliser, mais ce ne sont pas vos mains… ce qui est à la fois étonnant, mais gênant, car, bien évidemment, la précision de ces mains n’est pas du tout équivalente à la précision de vos mains réelles.

    Autre problème, vous ne pouvez pas toucher les choses… vous avez l’impression de pouvoir le faire, mais, en réalité, vous ne rencontrez toujours que le vide. C’est encore une grosse différence avec la réalité : il n’y a pas de retour de force, pas de sensation de toucher. Même si je sais que des entreprises travaillent sur ces sujets, et qu’il sera sans doute possible un jour de le faire, il est dur d’imaginer de devoir enfiler des gants, mettre un casque pour aller faire des démarches simplement et rapidement, même dans un avenir un peu lointain.

    Qu’on oublie pas que ce qui avait fait le succès de l’iPhone était sa simplicité. Avec le Métavers, son casque, et peut-être ses autres équipements, on en sera loin. Plus encore, parce que cet équipement ne pourra pas être utilisé dans un lieu ouvert ou public…

    Le Métavers ne sera pas une réalité alternative

    On le voit bien, le Métavers ne sera pas la réalité ou une réalité alternative. Ça sera bien une réalité dégradée qui nécessitera pour tous les utilisateurs un apprentissage supplémentaire de leurs compétences numériques. Et cela prendra du temps et tout le monde n’y parviendra pas avec la même facilité.

    Est-ce que cela signifie que le Métavers ne pourra pas prendre forme tel qu’il nous est promu par ses laudateurs ?

    Pour moi, la promesse du Métavers ne fonctionnera que si les moyens d’y accéder seront simples et intuitifs. Et aujourd’hui, nous en sommes très loin.

    Le casque de Méta est plutôt impressionnant, mais il reste un outil de joueur de jeux vidéos. Et sa qualité n’en fait pas un appareil que l’on peut utiliser sur du long terme.

    Ça n’est pas non plus un appareil que l’on pourra emporter partout avec soi. Et si l’on veut que le Métavers soit l’Internet du futur comme n’arrêtent pas de le proclamer les gens de Méta, il faudra bien pourtant que ça soit le cas.

    Au vu des expérimentations de Méta en la matière, il est assez douteux que cela se fasse dans un proche avenir.

    Alors évidemment, actuellement, tous les regards sont aujourd’hui sont braqués sur ce que pourrait faire Apple. La société californienne a toujours sur inventer des produits qui révolutionnent les marchés. Mais, d’après les dernières nouvelles, ses lunettes de VR/AR ne sortiraient pas avant le 3ème trimestre 2024, reculant encore un peu plus l’opportunité de lancer un véritable marché sur le Métavers.

    Faut-il expérimenter dans le Métavers ?

    Reste une dernière question : étant donné l’état des lieux du Métavers qui est encore très très loin du rêve vendu par Mark Zuckerberg, faut-il, pour une société se lancer dans des expérimentations, comme c’est déjà le cas dans de nombreux domaines (cf Carrefour, les marques de luxe ou de sport, comme Adidas ou Nike) ?

    Pour moi, il est possible de se lancer dans des concepts, mais sans se dire que celui-ci pourra être un succès avant quatre ou cinq ans.

    Il ne faut pas non plus imaginer pouvoir parvenir à trouver la killer app tant que les usages ne se seront pas généralisés.

    Il faut donc pénétrer dans ce monde là avec un esprit extrêmement ouvert prêt à de nombreuses expérimentations et surtout s’éloigner du piège de la pure imitation qui n’apportera rien.

    Les applications qui fonctionneront dans le Métavers seront celles qui tireront partie de ses différences :

    • L’immersion : en quoi cela peut-il être un avantage ?
    • La possibilité d’interagir dans un monde en 3D avec un certaine proximité avec la réalité : pour quels usages ?
    • L’usage systématique d’un avatar : quelles règles sociales en sont modifiées et pour quels bénéfices ?

    Pour moi, deux pistes se dessinent nettement aujourd’hui : le divertissement, déjà largement développé avec les univers de jeux qui s’apparentent au Métavers, et les simulations professionnelles pour l’apprentissage, dont il reste beaucoup de choses à faire. Mais nous verrons bien ce qu’il en est … encore quelques années de patience !

  • Apple Glass : questions sur les lunettes de réalité augmentée d’Apple !

    Encore des rumeurs sur les fameuses lunettes de RA/RV d’Apple et je me faisais la réflexion de l’adoptabilité des lunettes de réalité augmentée que pourrait offrir Apple à ses utilisateurs. Qu’en serait-il ? Serions-nous prêts dans un proche avenir à porter en permanence des lunettes qui afficheraient continuellement des informations dans notre champ de vision ?

    Concept datant de 2020, déjà !

    Pour moi, c’est une des questions essentielles des chances de succès d’un tel terminal. Car d’une certaine manière, des lunettes de RA seraient sans doute l’appareil du quotidien le plus intrusif que nous pourrions posséder.

    Un terminal plus intrusif que les autres

    Un téléphone peut se mettre dans la poche et être oublié. Une montre connecté est portée en permanence, mais peut aussi être éloignée du regard et oubliée. Pas des lunettes. Ou bien à considérer que l’on pourra les mettre ou les enlever facilement, seulement lorsqu’on en aura besoin. Ce qui me semble être une habitude complexe. Les lunettes sont des objets bien plus fragiles qu’un téléphone ou une montre. Il faut aussi en prendre un bien plus grand soin et les maintenir propres pour correctement s’en servir. Les manipuler fréquemment augmentera le risque des les abimer, ce qui, pour du matériel, qui sera forcément très cher, pourrait être un frein à leur adoption.

    Dès lors, si le geste de les utiliser crée un risque ou représente une difficulté, il faudra alors admettre que les lunettes n’auront un intérêt que dans des contextes particuliers ou des intentions particulières.

    Des usages plus restreints ?

    Comme faire du sport pour obtenir des informations améliorant sa pratique en permettant d’afficher des informations dans son champ de vue (je pense au vélo).

    Pour travailler ? Mais cela ne cadre pas forcément avec l’esprit d’Apple dont toutes les dernières inventions tenaient quand même largement du divertissement et visent toujours les marché du grand public. J’imagine mal Apple sortir un produit uniquement pour les professionnels. Elle a toujours échoué à le faire.

    Se divertir ? C’est sans doute la piste la plus probable, mais comment Apple pourrait intégrer des lunettes de RA dans un écosystème où l’iPhone tient une place prépondérante et centrale par rapport à tous les autres devices ? Ces lunettes seraient donc un accessoire supplémentaire dans la gamme (tout comme le sont les airpods) enrichissant les fonctionnalités de l’iPhone. Elles ne devraient donc pas entrer en concurrence avec ce dernier.

    La question des usages pose aussi celle de l’écosystème. Et c’est peut-être pour cela qu’Apple prend beaucoup de temps avant de dévoiler son futur terminal. Avec la sortie de l’iPhone, la société avait également développé entièrement un environnement d’exécution : l’iOS. Cela sera-t-il le cas pour les lunettes d’Apple (qu’elle soit de réalité augmentée ou de réalité virtuelle, ou les deux, d’ailleurs) ?

    La question de l’utilisabilité : vers une nouvelle gestuelle ?

    Et si un nouveau système était créé se poserait également la question des interactions homme-machine des lunettes. Un travail formidable avait été fait sur l’iPhone et avait permis son adoption massive et facile. Quelques inventions y avaient vraiment contribué. Le système des icônes/application, très simple à comprendre et à utiliser. La gestuelle des doigts sur l’écran dont Steve Jobs avait ait une démonstration lors de la keynote de présentation de l’iPhone et qui avait sans cesse était reprise par la pub pour préparer les futurs acheteurs de l’iPhone à son utilisation. Le clavier virtuel et sa loupe qui avaient vraiment été un « game changer » pour franchir l’obstacle ô combien complexe de la saisie d’informations sur les téléphones.

    Comment pourraient se piloter les futures lunettes ?

    Par Siri ? Cela semble improbable tant la reconnaissance vocale est encore trop approximative, même pour des ordres simples.

    Par une nouvelle gestuelle ? Ça sera intéressant de voir ce qu’Apple pourrait avoir inventé à ce sujet et si cela pourra être aussi facile à faire adopter que celle de l’iPhone.

    Conclusion : les lunettes seront-elles une révolution ou le terminal en trop dans un monde numérique saturé ?

    Et puis la question de l’adoptabilité se pose aussi sous l’angle de la saturation des usages. A l’ère de l’iPhone, le monde n’était pas encore envahi par le numérique. C’est même lui qui a sans doute été le déclencheur de cette invasion. Des lunettes ne seraient-elles pas le terminal de trop ? Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin d’être plus connecté… nous le sommes déjà de bien trop grande manière avec de nouveau risques en train d’émerger, sur la santé, par exemple. Le risque de se heurter à cet état de fait ne risque-t-il pas de limiter les ambitions d’Apple ?

    Alors que pensez-vous de tout cela ?

  • UX | Pourquoi faut-il vous préoccuper de la performance de vos pages & des Core Web Vitals ?

    Pourquoi, en tant qu’UX designer, vous devez aussi particulièrement vous préoccuper du code d’un site web

    Peut-être cela semble-t-il évidemment, mais le design d’expérience ne s’arrête pas à la conception de maquettes sur Figma ni à l’intégration HTML ou au développement de scripts pour animer des pages webs.

    Une des dimensions de l’UX qui nous semblent souvent négligée est la mesure et l’optimisation de la performance des pages webs. Pour quelle raison ?

    Parce que cette dimension de l’UX est entre les mains des développeurs front-end et que souvent elle reste « oubliée » par les équipes de design qui semblent se décharger de cette tâche par la peur ou la méconnaissance de ce sujet, ou bien encore, parce qu’elles considèrent que ça n’est pas de leur ressort.

    Chez Wexperience, c’est pour cela que nous avons aussi une équipe IT qui se préoccupe de ces questions et travaille en accord avec l’équipe design pour englober dans le design d’expérience cette dimension essentielle.

    Pour bien comprendre ce que cela recouvre, nous vous proposons ici un article qui vous montrera comment optimiser la performance d’une page pour une meilleure expérience utilisateur.

    Sommaire

    Pourquoi optimiser les pages webs ?

    Même si cela peut paraître évident, optimiser les pages webs, c’est à dire les débarrasser de leurs « surpoids » permet tout simplement d’améliorer l’UX d’un site en réduisant les temps de latence entre les clics, en affichant plus vite les pages, les éléments importants de ces pages, en rendant plus réactive l’interface, bref, en répondant mieux au fameux critère de Bastien et Scapin du feedback immédiat.

    Mais si cela semble si évident, pourquoi cela n’est-il pas codé immédiatement dans le site sans qu’on ait à s’en préoccuper ?

    Bien entendu, parce qu’il n’est pas si simple d’optimiser immédiatement le code ou les médias d’une page, et que les habitudes de programmation normales des développeurs négligent couramment ce problème. Disons, d’un point de vue d’ergonomie du travail, qu’il est plus rapide, plus facile et plus économique de coder « mal » ou, pour être plus exact, d’arriver à un résultat acceptable de code sans que celui-ci aille à fond dans l’optimisation.

    C’est le résultat classique de tout travail où l’ouvrier ou l’artisan accepte un certain degré de précision, d’effort, et d’exigence pour constater que son travail est accompli, tandis qu’une optimisation accrue lui demanderait un effort qui, selon ses critères n’en vaudrait pas la peine.

    En fait, pour être tout à fait clair, nous travaillons tous de manière à optimiser nos efforts en respectant la Loi de Paretto (les fameux 80-20%) qui fait qu’une fois atteint un certain seuil de qualité, nous ne sommes plus prêt à faire un effort supplémentaire pour arriver à un certain niveau de perfection. L’effort n’en vaut plus la peine.

    Autrement dit, il y a le « code normal », et le « code optimisé », le second demandant nécessairement un effort supplémentaire, un surcoût. Et la question qui se posera au final à l’UX sera : « Cet effort supplémentaire vaut-il le coup ? » et surtout « Servira-t-il mon UX ? ».

    Quels sont les critères d’une bonne optimisation ?

    La réponse à cela ne dépend pas de votre niveau d’exigence, mais bien heureusement à des critères objectifs définis par Google dans le but d’améliorer le SEO des pages : les Core Web Vitals. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour une discipline qui a tant de mal à quantifier et à valoriser les efforts qu’elle fait.

    Les 3 principaux Core Web Vitals de Google
    Les 3 principaux Core Web Vitals de Google. Ces critères permettent d’évaluer le comportement d’une interface selon des critères objectifs. Par exemple, le temps d’affichage du plus grand élément de la page. Le temps d’accession au premier objet interactif d’une page, etc. Ces critères ont été inventés et promus par Google auprès des agences SEO pour leur permettre d’améliorer le ranking des pages en tenant compte de l’UX.

    Ce sont une série de paramètres (dont nous avons déjà parlé ici) qui permettent de mesurer objectivement un ensemble de comportements d’un site web et de son interface afin de fournir une meilleure expérience utilisateur.

    C’est une bonne nouvelle, puisque grâce à ces critères, il est possible de savoir si dans tous les cas un site a un bon ou un mauvais comportement. Ce qui permet ensuite de savoir ce qu’il faut faire pour arriver à un résultat acceptable.

    Quels sont les leviers de l’optimisation ?

    L’optimisation de la performance des pages webs passe par trois familles d’actions :

    • L’optimisation des médias
    • L’optimisation du code
    • L’optimisation de l’infrastructure de portage du code (hébergement, entre autres)

    Familles d’action que nous allons maintenant regarder en détail. Rassurez-vous si vous n’êtes pas développeur, cet article est fait pour vous, car il a pour objectif de vous faire prendre conscience de votre rôle en tant qu’UX designer dans l’optimisation des pages. Et qui sait, si vous êtes développeur, apprendrez-vous vous aussi quelques techniques.

    L’optimisation des médias

    Sur le web, il existe plusieurs types de médias qui sont téléchargés dans le navigateur. En fonction de leur poids ou de leur taille, ceux-ci peuvent ralentir dans une plus ou moins grande mesure la réactivité ou les temps de chargement de vos pages.

    On peut grosso modo les séparer en 5 types :

    • les images, au premier chef
    • les vidéos
    • les polices de caractères
    • les sons
    • tous les autres types de médias : documents pdf, slideshow, etc

    Les plus importants et ceux sur lequel il y a le plus de marges de manœuvres sont les 3 premiers, et nous en avons déjà abondamment parlé au cours de plusieurs webinars :

    Sans aller dans le détail, voici quelques techniques, pour les résumer, qui sont couramment employées.

    Optimisation des images

    • La compression des images qui consiste en utilisant les bons algorithmes de compression de réduire leur taille et leur poids… des gains de plus de 70% peuvent parfois être obtenus
    • L’utilisation de formats alternatifs, par exemple le SVG, qui dans certain cas, vaut mieux que les formats classiques comme le jpg, le png ou le webp ou avif.
    • Parfois, il est possible aussi d’utiliser des polices de caractères comme images pour représenter des icônes. C’est une excellente technique pour gagner du poids et du temps de téléchargement

    Optimisation des vidéos

    Même si elles sont indispensables, les vidéos sont les grandes méchantes du web en terme de performance. Leur poids et leur taille consomment énormément de bande passante, d’autant qu’elles sont souvent le média préféré des internautes. Il n’y a qu’à voir le succès de Tik Tok et des Stories sur Instagram.

    Dans son opus sur l’écodesign, l’association des designers éthiques nous donne quelques recommandations basiques qui permettent de se poser les bonnes questions dont la première qui consiste à se demander si une vidéo est vraiment utile (sachant que la réponse n’est pas toujours simple en ecommerce).

    • Ne mettez pas de vidéo si elles n’apportent pas quelque chose de plus à l’expérience utilisateur
    • Raccourcissez la durée des vidéos à moins de 30s dans la majorité des cas
    • Réduisez les vidéos en taille (hauteur et largeur), le plus possible
    • Utilisez la technique du lazy loading qui consiste à précharger une image rapidement au lieu de la vidéo et de charger la vidéo en arrière plan
    • Evitez les vidéos de fond d’écran : c’est très joli, mais très gourmand en bande passante

    Pour plus d’infos à ce sujet, nous vous recommandons de télécharger le guide de l’écoconception de site des designers éthiques.

    Optimisation des polices de caractères

    Alors oui, depuis que Google a créé les Google Fonts, il est enfin possible de se passer de la Verdana, de l’Arial et de la Times New Roman, mais cela a un prix : en permettant d’utiliser des polices plus créatives, plus jolies, moins monotones, la consommation de bande passante des sites n’a fait qu’encore augmenter. Il faut donc vraiment réfléchir dès la conception (et ça, c’est votre rôle, en tant que designer) à quelle genre de police de caractère vous allez faire appel pour designer vos pages et quel impact cela aura sur la performance.

    Pour cela, nous avons aussi quelques recommandations :

    • N’utilisez des Google Fonts que si cela se justifie vraiment du point de vue utilisateur. Pour un site administratif, il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une police originale, et il peut être tout à fait possible de s’en tenir aux grandes polices classiques. En revanche, si vous êtes une agence web et que vous tenez à montrer votre créativité, mieux ne vaut pas vous restreindre à ce niveau là
    • Une recommandation qui semble anodine, mais peut avoir son importance sur les sites à fort trafic, pensez à élaguer les fichiers de police de tous les caractères inutiles. Souvent, ces fichiers contiennent de nombreux caractères en langues étrangères qui n’ont aucun intérêt pour les utilisateurs occidentaux d’un site

    Comme on le voit, dans cette logique, tous les médias peuvent et doivent être optimisés évidemment dans des proportions acceptables et en accord avec les objectifs de l’entreprise commanditaire. Un site dont l’offre de service est de permettre de visionner des vidéos doit trouver le juste équilibre entre qualité de visionnage et compression. En revanche, un site dont les vidéos n’ont été incluses qu’à titre décoratif peut largement faire un travail d’optimisation qui sera apprécié des utilisateurs.

    L’optimisation du code

    Ne sautez pas au plafond ou ne vous enfuyez pas ! Nous n’allons pas entrer en détail ici dans l’optimisation du code, qui est un job dédié aux développeurs. En revanche, il nous semble primordial de vous faire prendre conscience de l’importance de cette démarche qui permet de gagner encore des point sur la réactivité de l’interface.

    En quoi consiste l’optimisation du code ?

    Là encore, l’idée est de se débarrasser de toute la mauvaise graisse. Et la mauvaise graisse, croyez-nous, il y en a. Un exemple pour que vous compreniez bien.

    Le code TML/CSS/javascript est écrit par un être humain qui a besoin de pouvoir le lire, le relire et le corriger… mais ce code contient beaucoup de caractères inutiles… des espaces, des tabulations, des saut de ligne, des commentaires…

    Une des tâches de l’optimisation est justement de se débarrasser des ces « mauvais » caractères, tout simplement en compressant le code… Tout simplement, c’est à dire en utilisant un outil qui permette de dégraisser ce code une fois qu’il est en ligne. Cela permet de gagner parfois jusqu’à 30% du poids d’une page… Autant pour améliorer la performance de la page.

    Mais ceci est une technique basique… ancestrale, presque… utilisée depuis longtemps.

    D’autres techniques permettent de faire des gains non négligeables :

    • Compresser les feuilles de style
    • Ne télécharger que les feuilles de style nécessaires
    • Compresser et ne télécharger que les scripts javascript nécessaires et pas des librairies entières utilisées seulement à 5% ou parfois moins

    Un bon développeur, en principe, par défaut, fera ce travail. A vous de vous en assurer… ou du moins, à vous de savoir que vous pouvez le faire si ça n’a pas été fait.

    L’optimisation de l’infrastructure technique

    Nous rentrons là dans un domaine encore plus éloigné que le précédent des préoccupations des designers.

    Jusqu’à maintentant, toutes les optimisations dont nous avons parlé permettait de chasser les vilaines graisses côté client, c’est à dire sur le navigateur de l’utilisateur. Bien. Mais saviez-vous qu’il était aussi possible d’effectuer des actions côté serveur, c’est à dire sur ce qui ne se voit pas et se déroule loin, parfois très loin de chez l’utilisateur ?

    Parmi ces techniques, une des plus connues consiste à stocker « en cache » des images sur des serveurs proches des utilisateurs finaux. Une fois appelées les pages web qui contiennent ces images, ces dernières feront un chemin beaucoup moins long et beaucoup plus courts pour parvenir à l’utilisateur.

    Nous ne rentrons pas dans le détail, mais vous voyez l’idée.

    Repenser la façon de concevoir un site

    Comme nous venons de le voir très rapidement, l’optimisation de pages webs passent par de nombreuses techniques d’optimisation qui sont toutes, pour la plupart, entre les mains des équipes de développeurs (ou de votre développeur, mais j’aime bien dire « les équipes », ça fait plus… plus… euh ben plus grosse entreprise, quoi !).

    Pour aller plus loin, il est cependant utile de revenir aux fondamentaux du design d’applications – et ça, c’est entre les mains des designers – et qui consiste à se poser la question de l’utilité. Critère fondamental en UX.

    Grossièrement, la question qu’il faut toujours avoir à se poser sur une fonctionnalité ou un contenu est : à quoi cela va-t-il servir et à qui cela va-t-il servir ?

    Ce sont des questions auxquelles il est difficile de répondre, car il est souvent impossible de dire comment vos utilisateurs vont se servir de votre site ou de votre application. Et une fonctionnalité qui peut paraître anodine peut très bien avoir un grand succès et vous surprendre en devenant la fonctionnalité principale de votre site.

    Mais nous pensons qu’il reste et qu’il demeure une bonne attitude de toujours se poser la question de l’utilité. D’une manière, il s’agit des prémisses de l’optimisation. Ne pas créer quelque chose, c’est ne pas le télécharger et ne pas ralentir l’expérience utilisateur… de toute évidence.

    Nous savons toujours à quel point il est difficile de faire des choix. Notre recommandation cependant est ancré dans le classicisme du design thinking et des méthodes agiles. Pour être performant, ne développez et ne créez toujours que le strict nécessaire. Enrichissez ensuite !

    Nous avons de plus en plus la conviction chez Wexperience que c’est là le secret d’un bon design et d’une bonne UX.

    L’optimisation de la performance à l’encontre de l’émotion et de l’efficacité commerciale ?

    Pour terminer cet article, abordons une question que vous avez déjà dû vous poser. L’optimisation de la performance ne nous ferait-elle pas faire des site tristes, ennuyeux, sobres dont l’émotion serait absente et la capacité à « engager » serait faible ?

    Vous avez tout à fait raison de vous poser cette question et elle est d’importance.

    Pour vous répondre, nous avons deux exemples de site réalisés par Wexperience qui montrent que l’on peut faire séduisant et performant à la fois, celui de l’agence WAM, agence de SEO à Lyon, et celui de l’assurance April Moto.

    Le cas WAM

    Page d'accueil du site de l'agence WAM référencement réalisé par Wexoerience

    En 2021, l’agence WAM nous a contacté pour une refonte complète de son site. Cette refonte a consisté à revoir l’ensemble du design et des contenus du site, de manière à fournir une expérience client optimum.

    Pour cela, des tests utilisateurs ont été conduits pour connaître parfaitement les besoins des prospects et des clients de WAM, mais aussi pour valider le design produit par notre équipe.

    Lors de la production du site, l’équipe IT de Wexperience s’est particulièrement penchée sur les temps d’affichage en mettant en œuvre toutes les recommandations de l’optimisation de la performance, résultant en un site particulièrement sobre et rapide.

    Web Core Vitals de la page d'accueil du site de l'agence WAM référencement
    Web Core Vitals pour le site de l’agence WAM, agence leader en SEO en France

    Le cas April Moto

    Page d'accueil d'April Moto

    April Moto, l’assureur des motards, nous a demandé non seulement de revoir et d’améliorer l’organisation de la page d’accueil de son site, mais également de soigner sa performance, notamment en employant les meilleures techniques possibles pour intégrer une vidéo en fond d’écran (ce qui n’est pas dans nos recommandations, mais comme je le disais entre UX et ebusiness, il y a toujours des compromis à faire).

    Dans un cas comme celui là, le challenge a été de diminuer le temps d’affichage de la première image de la vidéo au chargement de la page. Ici, c’est la technique du lazy loading qui a été employé. Technique qui consiste à précharger une image de la vidéo avant de continuer à charger tout le reste de la vidéo.

    En plus de cela, le choix a été fait de ne pas héberger la vidéo sur Youtube, ce qui impliquait trop de temps de latence, mais de l’héberger directement chez April Moto.

    Web Core Vitals de april-moto.com
    Les Web Core Vitals de April-moto.fr mesurés sur la page desktop. Malgré la vidéo, tous les indicateurs sont au vert. N’oubliez pas de regarder notre webinar sur les CWV pour connaître la signification de chaque critère.

    Ces deux cas nous montre que l’important est de rentrer dans les clous des Core Web Vitals. Je vous dirais que l’optimisation de la performance est comme un bon régime alimentaire.

    On peut perdre du poids en se faisant plaisir et en mangeant des bonnes choses.

    Mais on peut aussi perdre du poids de manière stricte et austère.

    Les deux permettent d’aboutir à un résultat, mais devinez quel genre de régime nous préférons ?

    Celui où il nous est permis de nous amuser encore, de mettre en ligne de belles vidéos ou d’utilser de belles polices de caractère, tant que nous restons dans les clous Core Web Vitals.

    Et la bonne nouvelle est que c’est possible ! Alors, réjouissons-nous et optimisons nos sites !

    Notre méthode pour optimiser

    Vous l’avez deviné en filigrane en lisant cet article : l’optimisation de la performance passe par un raisonnement global, une approche holistique de l’UX. Du design au code, l’optimisation de la performance passe par une méthode qui prend en compte tous les critères : de l’utilité d’un site ou d’une application, de ses contenus et fonctionnalités, à son design graphique jusqu’à son codage.

    Mais bien sûr, ceci n’est possible qu’à partir d’une application non existante et il est bien plus compliqué de la mettre en pratique sur un site web existant avec une lourde technique et un passif graphique issu d’un autre temps.

    Cependant, nous vous rassurons, il demeure toujours possible d’améliorer la performance et l’UX d’un site en appliquant une démarche d’optimisation que nous nous ferons un plaisir de vous expliquer. Contactez-nous et nous vous en dirons plus.

  • Les 5 secrets d’un bon recrutement d’audit UX

    Comment bien recruter des personnes pour faire un test utilisateur

    Vous le savez, chez WEX, on adore faire des audits UX. Et depuis qu’on a commencé en 2010, nous en avons réalisé plusieurs centaines pour nos clients.

    Ces audits sont des entretiens avec de vrais utilisateurs, de vraies personnes humaines, vivantes, qui nous permettent de déterminer tous les points positifs et négatifs de l’interface d’une appli mobile ou d’un site web. Grâce à cela, nous pouvons en améliorer conséquemment l’UX et la performance.

    Alors, faire des audit avec des utilisateurs, oui, mais pas n’importe comment, et c’est de cela dont nous voulions vous parler aujourd’hui. Car réaliser un audit ne se fait pas à n’importe quel prix et nécessite un niveau de qualité exigeant pour avoir les meilleurs résultats.

    Secret n°1 : ne testez pas une interface avec votre voisin de bureau

    Ni avec votre cousin, votre petit sœur, votre maman ou votre boss.

    Tester une interface requiert d’avoir des gens qui n’ont pas de lien avec le projet de quelque manière que ce soit : collègue, famille, amis. Si, par facilité, vous pensez qu’il n’est pas « grave » de demander à des personnes que vous connaissez de vous aider à analyser une interface, vous vous trompez. Car, à partir du moment où ces personnes ont un lien avec vous, leur comportement sera biaisé et induira pour vous des erreurs d’appréciation.

    Les gens de votre famille ou vos amis auront tendance à vouloir vous faire plaisir et se comporteront en « ami » de votre interface, en minimisant ce qui ne va pas et en exagérant ce qui va.

    Vos collègues, soit parce qu’ils chercheront à ne pas vous nuire, soit parce, qu’au contraire, ils seront particulièrement sévères avec vous. Pire encore, certains auront tendance à se considérer comme des experts et agiront comme tel, ce qui, évidemment n’est absolument pas le but recherché. Si vous avez besoin de testeurs, c’est justement parce que vous ne recherchez pas l’avis de l’expert que vous êtes.

    Secret n°2 : cherchez des gens impliqués

    Il est indispensable lorsque l’on teste interface de travailler avec des gens qui se sentent concernés par ce que vous allez leur demander de tester.

    Rien de pire que des testeurs qui viennent là par hasard (ou presque), juste pour toucher leur dédommagement, et qui font les choses sans aucune conviction.

    Auditez avec des gens impliqués !

    Pour cela, lors de la phase de recrutement, vous devez arriver à trouver des personnes qui pourraient avoir un intérêt à utiliser votre interface. Par exemple, si vous devez auditer un tunnel de souscription de demande de devis pour une mutuelle, cherchez des gens qui sont actuellement dans une phase active de recherche de mutuelle.

    Le fait qu’il puisse se projeter mieux dans l’action permet notablement d’augmenter le nombre d’enseignements que l’on peut retirer d’un audit.

    Nous l’avons expérimenté dans tous nos audits, et si cela ne change pas grand chose à l’analyse purement ergonomique, pour ce qui concerne la compréhension du produit, les informations affichées, les questions de confiance et de rassurance, cela change tout.

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    Secret n°3 : dédommagez vos testeurs

    Il est bien tentant de ne pas dépenser un kopeck pour auditer une interface. Ce sont des économies de faites, mais, nous pouvons le dire, de bien mauvaises économies.

    Rémunérer vos testeurs a plusieurs avantages que vous ne devriez pas oublier :

    1. Il est juste de dédommager une personne pour le temps qu’elle prend à vous consacrer. Dans certains cas, pensez au temps qu’elles vous accordent (parfois plus de 2 heures, déplacements compris quand il s’agit de tests en présentiel)
    2. Le dédommagement permet de faciliter le recrutement. Soyons honnête, peu de gens se déplaceraient gratuitement pour vous aider. Et ne pas dédommager peut significativement entraver votre projet en allongeant indéfiniment les temps de recrutement. Par ailleurs, dans certains cas, où il est difficile de recruter (des professionnels), il ne faut pas hésiter à augmenter le dédommagement. Il nous est arrivé de dédommager de plus de 200€ certaines personnes à distance. C’était la condition sine qua none pour arriver à les décider à venir.
    3. Même si le dédommagement ne doit pas être la motivation principale, il reste tout de même une motivation qu’il ne faut ni mépriser ni négliger

    Secret n°4 : bannissez les testeurs professionnels de vos audits

    Si vous recourez à un prestataire externe pour le recrutement de vos testeurs, il se peut que vous voyez souvent réapparaître les mêmes têtes. Effectivement, certaines personnes se sont faites un métier de répondre et de participer à des études. Elles sont inscrites sur tous les fichiers et sont toujours volontaires. Ne prenez pas de telles personnes.

    De plus :

    • Évitez de prendre deux fois les mêmes personnes pour deux études différentes sur le même projet
    • Évitez de prendre la même personne sur deux projets différents, même si son profil correspond à vos critères
    • Ne recontactez une personne qu’au bout d’un délai d’un an si vous avez absolument besoin de la recruter

    Secret n°5 : n’essayez pas de recruter par vos propres moyens

    A moins d’être vraiment une très grosse société avec beaucoup de clients captifs (comme SNCF Connect, par exemple), ne perdez pas votre temps à créer votre propre base de recrutement.

    Vous pouvez toujours le faire, bien sûr, mais cela vous demandera beaucoup de temps, non seulement pour créer la base, mais aussi pour la maintenir.

    Tout ce que vous pensez économiser en frais de recrutement sera perdu en temps passé à recruter.

    Le recrutement est un métier qu’il vaut mieux laisser à une agence spécialisée qui vous évitera (en principe) tous les pièges du recrutement.

    Conclusion

    Comme nous l’avons déjà souvent expliqué, le recrutement est une phase primordiale d’un bon audit UX. Considérer qu’il suffit de prendre des voisins, des passants, bref des gens sans implication ne correspondant pas au profil, et sans rien connaître de leur background technologique, c’est simplement s’exposer à passer à côté de nombreux enseignements, même pour le moindre petit test.

    Il est toujours tentant d’aller vite (surtout quand le commanditaire vous met la pression), mais c’est toujours au détriment de la qualité des enseignements recueillis. Et c’est même au risque de détecter de faux enseignements et de vous faire faire fausse route dans le développement de vos interfaces.

    Alors, nous vous recommandons de garder en tête tous nos conseils. Et, si vous pensez que vous ne pouvez pas les suivre, faites appel à nous pour conduire vos audits UX (qu’on appelle tests utilisateurs dans notre jargon).

  • Pourquoi ne pas tester une interface innovante peut vous coûter très cher ?

    On peut être innovant, c’est bien. Mais quand il s’agit d’interface, il s’agit toujours de bien faire attention à ne pas trop dérouter vos utilisateurs, car plus une interface sort des habitudes utilisateurs, plus il y a de chances qu’elle soit rejetée.

    La petite histoire de Monsieur X

    Mr X vient d’inventer un nouveau service d’aide à la personne via une application mobile. Il y intègre de nombreuses fonctionnalités et fait travailler une agence d’UX qui invente une interface plutôt originale. En effet, rien de ce qui existait auparavant sur le marché ne pouvait servir de source d’inspiration.

    Après des semaines de travail, les maquettes sont prêtes et Mr X commence à faire développer son application par une autre agence, spécialisée dans le développement d’applications mobiles.

    Entre temps, Mr X a parlé de son concept à de nombreuses personnes et leur a même dévoilé des maquettes graphiques. Toutes les réactions ont été très positives et tous l’ont félicité pour ce nouveau projet.

    Toutes les personnes à qui il a demandé adoraient l’app de Monsieur X

    « Très belle interface ! » « Très beau design ! » ou « Bravo pour ta nouvelle app ! » sont les expressions qui sont ressorties le plus souvent. Mr X a le pressentiment que son application va être un succès. Mais, comme il est prudent, il décide néanmoins de conduire une étude en ligne. A un panel de 200 utilisateurs, il demande quelle est la maquette la plus belle et si les gens utiliseraient son service.

    Là encore, les réponses sont plutôt positives, et elles lui permettent même encore de décider de modifier quelques détails suite à quelques remarques et commentaires.

    « Des tests utilisateurs ? » « Bah, je sais déjà ce que ça va donner. »

    Son agence UX, cependant, lui recommande de faire un test utilisateur sur un prototype, mais Mr X rejette leur suggestion. Il en sait déjà assez, a récolté déjà assez d’insights, et, de plus, il a peur que le test ne lui coûte cher et ne lui fasse perdre du temps par rapport à son planning de lancement. Les développements sont lancés et durent un petit peu plus longtemps que ce qu’il avait espéré. Au fur et à mesure qu’il avance, de nouvelles idées lui viennent en tête, et il demande à l’agence de développement (qui travaille en mode agile) d’insérer de petites nouvelles fonctionnalités.

    Il a conscience qu’en faisant cela, il retarde un peu plus son planning, et que cela va lui coûter un peu plus cher, mais il a la conviction qu’il est en train de créer « l’appli parfaite » pour son service. D’ailleurs, les premiers tests qu’il a fait en demandant à ses équipes internes (sa femme et un stagiaire), mais aussi à quelques amis « qui s’y connaissent bien en Web » de lui dire ce qu’ils pensaient de l’app. Tous lui ont dit la même chose : que c’était un peu déroutant au départ, mais qu’ils trouvaient tous son app super.

    Quand Mr X n’écoute pas les signaux faibles

    Mr X a bien quelques doutes, suite à ses retours, mais, désormais, il n’a plus le temps de revenir en arrière. Il doit lancer rapidement son projet et le commercialiser, le temps court.

    Deux semaines plus tard, c’est le lancement sur les app stores. Mr X a dépensé beaucoup de budget pour être visible, et c’est le succès immédiat. Beaucoup de personnes téléchargent son app. Quelque chose lui dit qu’il a réussi.

    Mais au bout de quelques semaines, il s’aperçoit que si les gens téléchargent son app, il ne l’utilisent pas et ne passent pas à la version payante.

    Un succès immédiat, mais …

    Cela commence à l’inquiéter, car pendant ce temps là, son budget publicitaire commence à s’épuiser, et si le nombre d’abonnements ne va pas plus vite, il aura du mal à équilibrer ses comptes. Pourtant, il a de très bonnes revues par quelques influenceurs, et même une revue dans le podcast de Jérôme Colombain. Tout devrait aller bien, et pourtant, le nombre d’abonnement n’augmentent pas, et les gens ne semblent pas utiliser son app plus d’une fois. Il commence à se poser de sérieuses questions et se demande s’il n’est pas passé à côté de quelque chose.

    Malheureusement, il ne lui reste presque plus de budget IT/UX, et il hésite à écouter son agence, qui l’implore depuis le début de faire un test utilisateur.

    Retour à la case départ

    Finalement, il accepte, et deux semaines plus tard, il se retrouve en salle de test, derrière une vitre sans tain à observer un panel de testeurs.

    Le constat est immédiat ! Après trois entretiens, chaque testeur dit beaucoup aimer le service, mais trouve l’interface beaucoup trop déroutante et compliquée. Même s’ils arrivent à s’en servir en test, ils avouent que dans la vraie vie, ils auraient abandonné depuis longtemps d’essayer de l’utiliser. Il trouve que l’interface est trop différente de ce qu’ils ont pu voir ailleurs, et que ça les décourage trop d’essayer de la comprendre et d’apprendre à l’utiliser.

    Un mois de perdu !

    Mr X est dépité, et comprend qu’il vient presque de perdre plus d’un mois de budget de publicité dans une app que les gens ne veulent pas utiliser malgré l’intérêt de son service. Il n’a pas d’autre choix désormais que d’essayer de trouver des fonds supplémentaires pour l’adapter et essayer de l’améliorer pour que les gens fassent l’effort de l’adopter.

    Morale de cette histoire

    Vous pensez que cette histoire est fausse ?

    Et pourtant, elle est réelle. Et arrive très souvent à des entrepreneurs, startuppers, ou porteurs de projet qui pensent réellement que l’on peut se passer de l’avis des utilisateurs pour construire une app, surtout quand elle est innovante. C’est un phénomène bien connu que l’on retrouve souvent en agence :

    • Un porteur de projet sûr de lui, un peu imbu de lui-même, ayant une bonne expérience dans le numérique, et pensant s’appuyer sur son bon sens pour créer son app
    • Des méthodes d’études et de recherches inadaptées pour de la création d’interface (questionnaire quanti en ligne, par exemple)
    • Un budget pas assez élastique, et trop tendu, sans aucune marge de réserve
    • Un planning également trop tendu et sans marge de manœuvre

    Le résultat est le plus souvent une perte de temps, des dépenses non prévues, et surtout beaucoup d’utilisateurs déçus, provoquant un mauvais bouche à oreille… Ce qui rend compliqué le lancement d’un nouveau produit.

    Ne jamais négliger le point de vue des utilisateurs

    En matière numérique, il ne faut jamais négliger le point de vue des vrais utilisateurs. Et ne jamais se fier entièrement à son instinct ou à sa propre connaissance du Web. Il est primordial de savoir rester humble, et d’apprendre à réellement écouter les autres… Pas les amis, mais les vrais utilisateurs finaux d’une application. Ce sont eux qui vous donneront les véritables insights, positifs ou négatifs, d’un produit que vous êtes en train de créer. Pas les avis d’expert, pas votre bon sens, pas vos développeurs qui ne pensent que « fonctionnalité ».

    Et c’est d’ailleurs bien pour cela que toutes les grosses entreprises avec qui nous travaillons nous demandent toujours expressément de faire des tests pendant et avant la mise en production. Jamais après !

    Wexperience est une agence qui peut vous accompagner dans de nombreuses prestations de construction de pages de site. Découvrez-les :

    Refonte de siteCréation de l’identité de marqueCo-conception de parcours utilisateur Tests utilisateurs

     

  • Analyse d’interface : le simulateur de couleur de Leroy Merlin

    Où ? https://monsimulateurcouleur.leroymerlin.fr

    Quoi ? Un simulateur de couleur qui permet de visualiser un mur, une porte, une pièce peinte avec la couleur de votre choix.

    On l’a dit et répété, sur ce blog, avec de plus en plus de français tentés par le e-commerce, le télétravail, les difficultés croissantes à se déplacer, tous les outils qui permettent de faire du conseil en ligne sont les bienvenus pour améliorer l’offre de services sur un site de e-commerce.

    Exemple typique : un configurateur pour prévisualiser un produit personnalisé.

    Simulateur de couleur Leroy Merlin
    Le simulateur en action. J’ai repeint les murs de mon salon en gris… Comme vous le voyez, on peut encore colorer quelques zones en pointant dessus avec la souris. De manière générale, ça se passe plutôt bien, même si parfois la « peinture » déborde sur des zones non sollicitées.

    Un simulateur de couleur

    Mais ici, c’est un peu différent, puisqu’il s’agit d’un simulateur de couleur pour les clients de Leroy Merlin.

    Voilà un outil très intéressant qui va leur permettre de visualiser d’avance ce que pourrait donner une jolie couleur sur les murs de leur maison ou de leur appartement. Une idée simple, toute bête à mettre en œuvre, mais qui doit reposer sur une technologie parfaite de simulation de couleur sur une photo, ce qui n’est pas une chose évidente à fortiori.

    Nous l’avons testé pour vous sur smartphone et sur ordinateur, et le moins que l’on puisse dire est que l’expérience est plus que convaincante et intéressante.

    Comme vous le savez, il est toujours difficile d’évaluer l’usabilité d’une application sans en passer par un test utilisateur et nous ne vous dirons pas ici si cet outil est facile ou pas à utiliser. Nous l’avons essayé, bien sûr, et il nous a semblé simple à prendre en main. Mais, cela n’est que notre propre avis qui ne saurait refléter l’ensemble des personnes susceptibles de l’utiliser.

    Deux petites remarques tout de même !

    • L’outil est mille fois plus simple et convivial à utiliser sur desktop que sur mobile. Sur mobile, les photos sont vraiment petites et je me demande réellement si on peut se convaincre de choisir une couleur de peinture uniquement basée sur une prévisualisation minuscule et pas forcément très réaliste.
    • Il manque un peu de « douceur »… Il n’y a aucune animation ou micro-animation sur les boutons et sur l’outil en lui-même (ou pas suffisamment… On aurait pu imaginer un peu plus d’effets.), ce qui lui confère une sensation un peu « sèche ». Un manque de fun qui nous semble nécessaire quand on s’adresse à une cible grand public comme celle de Leroy Merlin. L’interface elle-même est assez austère graphiquement. Ça peut plaire ou pas, mais nous y aurions quand même mis un peu plus de rondeur et d’émotion.

    En tout cas, il serait intéressant de connaître le taux d’utilisation de cet outil, son taux de partage, mais également sa capacité à « driver » des clients en magasin (car la commande de peinture se fait toujours en magasin). Intéressant également serait de savoir si les clients de Leroy Merlin utilisent l’outil, mais renforcent leur conviction d’acheter telle ou telle couleur en regardant un véritable nuancier.

    Quelques conseils pour terminer !

    Chez Wexperience, nous croyons bien sûr fermement à l’utilité d’outils qui permettent aux clients de ne pas se déplacer en magasin et de pouvoir bénéficier de conseils directement en ligne.

    Mais… Conditions sine qua none pour que ça marche :

    • Il faut que le résultat soit vraiment proche de la réalité… C’est plutôt le cas ici, même si l’outil de peinture parfois bave un peu sur l’image nuisant au réalisme.
    • Il faut que ça soit extrêmement facile à prendre en main… Quand on est sur un site grand public, cela signifie réaliser de nombreux tests en amont pour valider cette facilité.
    • Il faut que ça soit un peu amusant pour que les utilisateurs aient l’envie de l’utiliser en allant plus loin que la simple curiosité de l’essayer.
    • Il faut que la perception du résultat soit suffisamment appétissante pour que les utilisateurs aient envie de l’essayer.

    Excellente journée à tous ! 😉

  • En 2022, si vous faisiez du scrollytelling ?

    On est encore en janvier, j’ai donc encore le droit d’écrire un autre article sur les tendances 2022. Et là, il se trouve que je suis tombé sur un article américain qui faisait sa liste des tendances à venir… et dans lequel sauta à mes yeux un mot assez étrange dont je n’avais jamais entendu parler : le scrollytelling. Bon, vous imaginez bien qu’il est assez facile de deviner ce qu’il veut dire, mais… ma curiosité a été titillée et j’ai trouvé le sujet parfaitement en phase avez le webinaire que je ferai la semaine prochaine sur le sujet l’UX Writing.

    Quel rapport, me direz-vous ?

    Eh bien, figurez-vous, qu’il y en a un, de rapport… et pas qu’un petit… et un rapport qui devrait vous intéresser si vous avez envie de savoir comment vous pourriez, en ces temps de télétravail et de pseudo-confinement, comment vous pourriez, peut-être, grâce au scrollytelling, réinventer la manière dont vous faites du ecommerce (rien que ça !)… ou, tout du moins, utiliser un nouveau pour transformer vos visiteurs en clients.

    Alors comment ?

    Sans doute (et aussi très malheureusement), la plus belle expérience de scrollytelling. Le compte-rendu de l’explosion de Beyrouth par le New York Times.

    1) Nous avons toujours besoin qu’on nous raconte des histoires.

    Pourquoi avons-nous besoin qu’on nous raconte des histoires ? Parce que c’est un des moyens les plus puissants pour capter l’attention et convaincre sans donner l’impression de vouloir convaincre. Les histoires ne font pas appel à notre rationnalité, mais viennent entrer en résonance avec notre moi le plus profond, et peuvent évoquer à chacun des nous des moments forts, agréables, en rapport avec notre existence personnelle. Et plus vous arrivez à toucher la fibre personnelle des gens, plus vous arrivez à entrer en affinité avec eux.

    N’est-ce pas ce que toutes les marques cherchent ? Créer un lien personnel unique avec chacun d’entre nous, tout en nous faisant rêver et croire qu’en achetant leurs produits nous serons plus heureux, car nous vivrons de nouvelles histoires avec ce produit.

    L’utilisation de ce mécanisme, inutile de vous le rappeler, n’est pas nouveau, mais le numérique lui a donné une nouvelle dimension, en offrant de nouvelles et de multiples possibilités narratives. Et le filon a déjà été exploité bien des fois, mais pourquoi alors en reparler maintenant ?

    Autre exemple pour la série Narcos sur le Wall Street Journal

    2) Le scrollytelling : c’est dans les vieux pots que…

    Le scrollytelling n’est pas une nouveauté et remonte on pourrait le dire presque à aussi loin que l’histoire du Web (ou presque). En anglais, le scrollytelling, vous l’avez deviné par vous même, vient de la contraction des mots scroll et telling et fait allusion au storytelling, mot que tout le monde connaît et comprend, même en français. Le mot scroll vient rajouter une dimension interactive au mot storytelling, et signifie tout simplement que le storytelling se fait en scrollant une page web.

    De nombreux sites de marque l’utilisent, mais aussi des médias, comme le New York Times ou le Wall Street Journal. Mais l’exemple le plus connu, et sans doute l’inspirateur de nombreux site est celui d’Apple. Chaque page produit du site y est transformé en petite expérience interactive destinée à transcender la marque et le produit. Et le moins que l’on puisse dire, comme toujours, chez Apple, c’est que c’est toujours aussi fascinant ! Et que l’expérience vécue sur le site n’est que la promesse en avant-vente de la même expérience avec les produits de la marque. Ce qui est, avouez-le, plus que malin.

    Mais sans doute mieux encore, c’est que tout cela est pensé comme un élément particulier de la marque appartenant à un tout cohérent. L’esprit du scrollytelling chez Apple est le même qui préside celui de l’expérience d’unboxing qui a tant fait pour sa réputation. Autrement dit, la clé de l’expérience et du storytelling d’Apple ne se trouve pas dans l’équipe de design web, mais bien plus haut, en amont, dans l’ADN de marque. Et cette clé est appliquée savamment et irréprochablement dans chaque expérience fournie par Apple à ses prospects et à ses clients.

    Apple n’a peut-être pas inventé le scrollytelling, mais sa manière de mettre en scène ses produits revient à raconter une histoire, même sans texte ! Un peu comme un spectacle de mime 🙂

    3) Pourquoi un comeback du scrollytelling en 2022 ?

    Mais si tout cela n’est pas nouveau, qu’est-ce qui a changé pour que l’on reparle en 2022 du scrollytelling ?

    La réponse réside dans la première partie du mot : le scroll, cette manière habituelle de dérouler une page, dont la popularité n’a fait que s’accentuer depuis la sortie des premiers smartphones et qui est devenue très probablement l’interaction la plus utilisée du Web. Très utilisée par les réseaux sociaux, elle est connue pour son pouvoir d’engagement et est même contestée par de nombreux adversaires de l’addiction au numérique.

    Mais c’est en 2021 que l’on a compris à quel point le scrolling était devenu un incontournable du Web.

    Un fait, un seul suffit à comprendre pourquoi.

    C’est cette année là que Tiktok a dépassé en trafic Google.

    Et quelle est la manière principale d’interagir avec Tiktok ?

    Vous avez bien deviné…

    Autrement dit, nous sommes des centaines de millions, et nous serons bientôt des milliards à interagir de plus en plus sur le Web en scrollant. Le scroll est plus qu’un geste, c’est le symptôme de notre addiction au numérique. Et j’ai bien l’impression qu’on est pas prêt de s’en débarrasser.

    Vous n’êtes pas convaincu ?

    Encore un fait.

    L’usage du mobile.

    Quoiqu’on en pense, le mobile est en train de devenir à travers le monde le terminal le plus employé pour surfer sur le Web. Et plus nous surfons sur le web avec des mobiles, plus nous scrollons.

    Le fabricant de vélo Van Moof maîtrise parfaitement les arcanes du scrollytelling produit.

    4) Comment faire du scrollytelling ?

    Devez-vous vous mettre au scrollytelling ?

    J’ai la ferme conviction qu’il y a vraiment une opportunité à prendre en proposant de nouvelles expériences de shopping.

    Vous me direz : chaque année, c’est la même chose. On me parle de nouvelles expériences : réalité augmentée, réalité virtuelle voice commerce, mais, dans le fond, rien ne change.

    Et vous n’auriez pas tout à fait tort de me le dire.

    Globalement, les interfaces de ecommerce, depuis des années n’offrent pas grand chose de nouveau et se contentent toutes, la plupart du temps, de reproduire le même modèle.

    Oui, c’est vrai. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a toujours été efficace. Le ecommerce ne fait que croître depuis 20 ans, et il semblerait que cette croissance ne soit pas prêt de s’arrêter, surtout depuis qu’une malheureux virus nous en a fait voir de bien belles et que nos chers concitoyens ont passé plus de temps derrière leurs écrans que jamais. Et la tendance n’est sûrement pas prête de s’arrêter.

    Mais maintenant que je vous l’ai dit, qu’il existe de belles opportunités pour offrir de nouvelles expériences… faut-il vraiment me croire ? Faut-il vraiment tenter de créer de nouvelles expériences en adéquation avec les nouveaux usages du moment ?

    Sans doute oui, pour plusieurs raisons.

    Scrollytelling de marque : le sujet n’est pas le produit, mais le positionnement de marque. On peu

    5 raisons qui devraient vous pousser à faire du scrollytelling

    1) La première tout simplement est que les utilisateurs sont toujours à la recherche de nouvelles expériences.

    Surprenez-les ! Émeuvez-les ! Épatez-les ! Il en restera toujours quelque chose.

    Nous savons tous que l’émotion est un puissant vecteur d’engagement et de mémorisation. Et que si vous arrivez à créer des expériences innovantes, vous renforcerez votre affinité de marque avec vos utilisateurs.

    2) La deuxième est que les jeunes générations seront les consommateurs de demain et que ce demain va arriver très vite. Qu’on se rappelle Tiktok ! Il y a deux ans, personne n’imaginait y mettre un pied pour vendre des produits et des services. Et pourtant aujourd’hui, toutes les marques y sont. Et toutes les marques ont intérêts à se préparer aux nouvelles habitudes de leurs futurs utilisateurs. Dans combien de temps ? Le plus vite possible comme toujours, mais certainement pas dans 10 ans.

    3) La troisième est que les marques ont intérêt à nouer de nouvelles relations avec leurs clients et prospects. Même si le shopping utilitaire existera toujours, la part se fera de plus en plus belle ceux qui sauront offrir des expériences plus élaborées que la simple fiche produit du réfrigérateur, de la perceuse ou bien du collant à 3€ les 10. Il ne s’agit pas de faire du scrollytelling pour toute votre offre, mais de cibler plutôt les produits les plus fédérateurs, les plus emblématiques, ceux qui pourront vous permettre de vous différencier de la concurrence et d’affirmer votre positionnement.

    4) La quatrième est que les outils de création de page interactive sont de plus en plus efficaces et réduisent notablement le coût de production de ces pages, rendant presque possible l’industrialisation du scrollytelling. Certes, il sera toujours plus cher de faire une page animé avec des effets au survol et de la parallaxe plus qu’une page Web, mais la généralisation de framework js spécialisés dans les animations, le perfectionnement des outils de design, font qu’il sera plus facile et plus abordable de produire ces nouveaux types de contenus.

    5) La dernière est que la prime sera toujours aux innovateurs, aux premiers arrivés, à ceux qui auront un coup d’avance, comme toujours. Et croyez-moi, il y a certainement beaucoup faire dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres.

    Toujours dans le vélo, le concurrent de VanMoof, le belge Cowboy, propose une expérience très interactive qui permet d’apprécier comme en vrai son produit phare.

    5) Mes conseils pour devenir un scrollytelleur de la mort

    Vous vous rappelez qu’en début d’article je vous parlais d’UX Writing et qu’il y avait un fort rapport entre UX Writing et Scrollytelling ? Eh bien maintenant, je vais vous dire pourquoi (sauf si vous êtes un malin et que vous avez déjà lu le livre de Gladys Diandoki, UX Writing) et comment l’UX Writing est la clé du Scrollytelling.

    Contrairement à ce que sa traduction littérale laisse sous-entendre, l’UX writing n’est pas l’art d’écrire des textes centré utilisateur. En tout cas, ça n’est pas que ça. Et comme l’explique Gladys dans son livre, l’UX writing a plus à voir avec le design de contenus qu’avec l’art et la manière d’écrire des libellés de bouton.

    L’UX writing, on ne le nommait pas comme cela à une époque lointaine, c’est la capacité à créer des contenus et à les agencer afin de créer des expériences captivantes et engageantes. L’UX Writing, c’est le nerf du storytelling, et donc, du scrollytelling. Car sans UX Writer (ou sans concepteur-rédacteur, son nom en français), pas de scrollytelling.

    Raconter une histoire ne s’improvise pas. Il y faut de la psychologie, du bagou, une certaine capacité à savoir créer de l’émotion, de la surprise. Bref, on est plus proche de l’art du cinéma que de celui de l’UX designer ou du marketer.

    Et sans cette capacité à s’emparer d’un produit et à le raconter de manière originale, difficile de créer des expériences en scrollant.

    Encore du scrollytelling de marque, avec les fameux bonbons Pez. C’est presque trop simpliste, mais ça marche. En quelques secondes, vous savez tout de PEZ et pouvez aller déguster tranquillement vos bonbons.

    Alors comment faire ?

    1 – Choisissez votre sujet

    Posez-vous dans un coin, reposez-vous, prenez votre offre, et demandez-vous à quel moment vous auriez besoin de raconter une histoire à vos clients. Qu’est-ce qui dans votre offre mériterait d’être mis en avant et vous permettrait de vous singulariser par rapport à vos clients ?

    Si vous vendez des stylos, quels stylos méritent que l’on s’y attarde un peu… lesquels tranchent par leur qualité de fabrication, leur design, l’histoire de leur fabricant.

    Si vous vendez de l’alimentaire, quels produits méritent que l’on braque un projecteur sur eux… racontent quelque chose de nouveau à vos clients, ont un secret de fabrication mystérieux, ou simplement suggèrent une ambiance, un mode de vie, une histoire, etc…

    Les possibilités sont infinies et vous ne devez qu’à votre connaissance de votre offre pour en extirper ce qui peut vous rendre un peu plus original que les autres.

    2 – Brainstormez

    Faites brainstormer vos storytellers. Pas de mystère, là, il vous faut des spécialistes, des gens qui sont capables d’inventer une scénographie, une histoire autour d’un seul et même objet… En réalité, il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse de plusieurs personnes en même temps : quelqu’un du marketing, adossé à un concepteur-rédacteur, adossé à un motion-designer, adossé à un directeur artistique. Bref, rassemblez-vous pour essayer de comprendre comment vous pourriez donner une âme à ce produit que vous aimez tant.
    Mon conseil : écrire d’abord l’histoire, voire même : la raconter à haute voix et l’enregistrer.

    Ensuite, commencez à produire des roughs, comme au cinéma, sur du papier. Tentez déjà à ce stade de voir comment pourrait se dérouler votre histoire… quelles interactions pourraient se produire (décrivez-les sur vos storyboards). Partagez cela entre vous et choisissez deux de vos meilleurs scenarios pour passer à l’étape suivante.

    3 – Prototypez

    Maquettez, prototypez ! Facile à dire, pas si facile que cela à faire. Vos experts doivent avoir les outils qui permettent de prototyper plusieurs types d’interaction rapidement (comme Racontr ou Principle), par exemple. A ce stade déjà, il ne sera pas inutile de se faire accompagner par un développeur frontend qui pourra commencer à estimer la charge en développement, lever les alertes sur la faisabilité du projet, réfléchir également l’impact carbone de tout cela, à sa performance, mais aussi à son accessibilité.
    Vos prototypes ne doivent pas forcément être aboutis graphiquement (vous perdriez pas mal de temps à faire cela), mais doivent déjà contenir vos textes finaux (que vous pourrez toujours retravailler en fonction de vos tests) et vos médias finaux. Ne vous préoccupez pas d’avoir les interactions parfaites… essayez d’approcher le produit final. Le but est surtout à ce stade de pouvoir présenter votre projet à des utilisateurs néophytes et à récolter les insights qui feront de celui-ci la parfaite scrolly histoire.

    4 – Testez !

    On commence à rentrer là dans un processus classique du design. Votre prototype peut être testé en ligne ou en présentiel, cela dépend de vos moyens et du temps dont vous disposez. A un certain stade avoir un regard extérieur est indispensable et permettra d’affiner votre proposition.
    Choisissez cinq ou si utilisateurs, présentez leur le projet et enregistrez leur réactions. Posez leur des questions sur ce qu’ils ont compris.

    Evaluez leur satisfaction à l’aide d’un questionnaire d’utilisabilité comme un Attrakdif ou un SUS.

    5 – Développez !

    On passe à la phase finale. Votre design, créé en parallèle de vos expérimentations, devrait être finalisé et pouvoir être appliqué à votre code. Et si vous n’avez pas les développeurs pour faire tout ça, Wexperience les a pour vous 🙂 N’hésitez pas à nous parler de vos projets en ce sens.
    Enfin, optimisez votre code. Ça n’est pas parce que c’est beau et envoûtant que ça doit être lourd et consommateur d’énergie. Faites un bon travail en ce sens pour donner encore plus de succès à votre histoire.

    Un très beau travail graphique de la marque Crazy About Eggs. On a envie de se faire une omelette.

    6) Conclusion

    Pourquoi ai-je donc bien pris la peine d’écrire autant de mots sur le scrollytelling ?

    Le Web n’offre pas tant de possibilités que ça de créer de la nouveauté et de la surprise. La plupart du temps, les budgets ne permettent pas de se lancer dans des fantaisies assez onéreuses, dont le retour sur investissement n’est pas directement mesurable. Or, le scrollytelling fait partie de cette catégorie de produits numériques. Et, la plupart du temps, seules des grandes marques peuvent se le permettre.

    Certes.

    Mais d’un autre côté, comment ne pas se dire que, parfois, il faut savoir tenter des expériences, renouveler sa manière de vendre, prendre le risque de découvrir quelque chose de nouveau. Cela peut peut-être un échec, mais, n’oubliez pas, un échec est toujours plein d’enseignements. Et c’est peut-être aussi cela que vous devez aller chercher. De l’innovation !

    Et pour finir ce tour sur le scrollytelling, deux magnifiques exemples. Un pour une compagnie aurifère…
    Et un autre pour l’Atelier BNP Paribas 😉
  • L’avenir du e-commerce passe-t-il par la réalité augmentée ?

    Une démo de réalité augmentée dans une ville chinoise, probablement totalement irréaliste… et surtout assez cauchmardesque 🙂 mais qui montre bien à quel point les métavers ont relancé la recherche et le développement sur la réalité augmentée.

    Le grand retour de la réalité augmentée

    Avec tout ce tralala autour des métavers, la réalité augmentée est revenue sous la lumière des projecteurs et apparait de plus en plus comme une promesse d’une nouvelle expérience. Certains disent même que le véritable métavers pourrait se retrouver dans la réalité augmentée et que demain, nous n’aurions plus qu’à chausser nos lunettes d’AR (augmented reality) pour nous balader d’un monde à l’autre, du réel au virtuel. Et effectivement, ça serait bien plus simple que de devoir se coltiner cet affreux casque, lourd, contraignant, socialement aberrant, que Meta prévoit de nous vendre par millions d’unités afin de nous embarquer dans son Métavers, sorte de parc d’attraction géant qui serait censé remplacer l’Internet.

    Mais bref, l’important n’est pas là, mais plutôt de se demander si tout cela est bien réaliste. Car la réalité augmentée, si elle est bien là, ne tient pas encore, loin de là, toutes les promesses qu’on pourrait en espérer, notamment pour l’e-commerce.

    La double promesse de la réalité augmentée pour l’e-commerce

    La réalité augmentée pourra-t-elle enfin permettre au e-commerce de pallier son incapacité à offrir des expériences d’achats riches et immersives, comme il lui manque tant actuellement pour faire réellement une concurrence frontale à l’expérience d’achat en magasin ?

    Cette question n’est pas inintéressante, parce qu’étant donné le changement des comportements des consommateurs depuis le début de la pandémie, et leur propension grandissante à acheter en ligne, il devient extrêmement tentant de commencer à réfléchir à de sérieuses alternatives de merchandising produit qui permettraient d’enrichir, mais surtout de convertir plus de visiteurs d’un site ou utilisateurs d’applications. La promesse de la réalité augmentée est d’ailleurs double, puisqu’elle permettrait de recréer l’émotion qu’on n’a pas face à un écran, mais qu’on vit beaucoup plus intensément en magasin. Et deuxièmement, elle permettrait in fine de réduire l’empreinte carbone de chaque individu en réduisant ses déplacements automobiles.

    Le problème, c’est que la réalité augmentée, pour l’instant, ne parvient pas au stade de maturité qui pourrait la faire basculer dans les usages grands publics (hormis pour ce qui concerne le jeu), et qu’on peut douter qu’avant quelques années, elle puisse vraiment le faire. Et cela pour plusieurs raisons.

    La réalité augmentée ne permet pas d’afficher des produits de manière réaliste.

    Sur cet essai de miroir d’essai en réalité augmentée pour Tommy Hilfiger, le suivi des mouvements des corps est presque parfait… En revanche, l’apparence du produit est encore bien trop synthétique.

    J’ai beau avoir essayé de nombreuses applications de réalité augmentée, je ne suis jamais tombé sur une qui me permettrait de vivre ce que je vis en magasin. Dans la plupart des cas, les produits émergeants de l’écran n’ont qu’une apparence assez grossière de ce que pourrait être le produit en vrai. Les textures, notamment les textures organiques, peinent à être reproduites avec fidélité, les formes sont encore parfois « pixellisées », et l’incrustation dans « l’image réelle » souffre souvent de petits défauts. Souvent, l’impression qui en ressort est mitigée. A la fois, il y a une forme de fascination qui naît de cette transformation de la réalité à travers l’œil d’un écran. Et à la fois, on ne peut pas ne pas ressentir une sensation de fausseté, de « matière plastique », qui réduit à néant la volonté de créer l’émotion à travers la représentation visuelle en 3D. Pour moi, on est plus proche de l’imagerie du jeu vidéo, que de celle de l’esthétique fulgurante et poignante que l’on arrive à atteindre par la photographie et la vidéo du réel (même si souvent sublimée par les photographes et vidéastes professionnels).

    Cet autre exemple (vu à travers des lunettes de réalité augmentée) permet de voir la chaussure presque comme si on l’avait entre les mains… Par contre, il n’est pas possible de la mettre au pied et l’apparence reste encore très proche du réalisme visuel d’un jeu vidéo, pas assez propice à créer de l’émotion.

    Voici un exemple beaucoup plus réussi pour Gucci avec des lunettes Snap qui montre vers quoi l’on pourrait tendre rapidement dans les années qui viennent. On est presque à la sensation de réalité, mais il manque encore un petit quelque chose (merci à Matthieu Flaig pour la trouvaille)

    Les geeks et les gamers me contrediront sans doute, mais il n’y a quand même aucun doute sur le fait que pour qu’une image fixe ou mouvante puisse créer de l’émotion dans l’esprit d’une personne, elle doivent atteindre un stade qui dépasse celui de la simple réalité, et plus encore, une sorte de sublimation, que seules des produits mis en scène et retouchés peuvent permettre d’atteindre. Une image ne séduira et n’aura un potentiel d’émotion que si elle atteint une sorte d’authenticité factice à laquelle l’esprit humain se prête volontiers, mais qui est bien plus que l’apparence un peu trop électronique d’une image de synthèse un peu maladroite.

    (Entre parenthèses, saviez-vous qu’on a fait un petit webinaire sur ce sujet ? Vous seriez-sans doute curieux de le voir. Ça tombe bien, il est pile poil ici).

    La réalité augmentée n’est pas facile à prendre en main

    J’attends toujours une interface qui me permettrait facilement de prendre en main la réalité augmentée. Autrement dit, qui me permette d’afficher un objet en réalité augmentée sans avoir à me coltiner des petites manipulations techniques parois irritantes, parfois difficiles à réaliser pour l’utilisateur lambda.

    Il y a encore trop de manipulations à faire pour accéder à la réalité augmentée

    Parlons de la phase de calibrage, par exemple, quand vous faites un essai de lunettes virtuelles. Il faut toujours en passer par une phase où la caméra doit apprendre à comprendre où est le visage dans l’image qu’on lui présente. Dans de nombreux cas, la procédure est fastidieuse et peut rapidement décourager des néophytes.

    Et c’est vrai dans d’autres cas. Quand vous utilisez l’application d’IKEA, par exemple, et que vous devez essayer de placer votre premier meuble sur la moquette de votre salon. Il y a toujours un temps d’adaptation du système et de l’utilisateur pour que le résultat ait une apparence réaliste. Et encore, combien de fois ai-je vu mon fauteuil ou mon canapé virtuel s’enfoncer dans le sol de ma maison de manière assez ridicule, un peu comme un vieux navire échoué dans un delta de fleuve exotique.

    Et quid de ces magazines ou de ces photos où l’on vous demande de tenir au dessus de la surface du papier votre smartphone pour bénéficier d’une « expérience incroyable » ? Souvent la longueur d’analyse du programme de RA ne permet pas un affichage instantané, mais plus encore… on imagine mal une personne normale (pas un aficionado du numérique comme vous et moi) passer une heure entière les avant-bras tendus en l’air pour expérimenter sur un écran minuscule des objets flottants en 3D reproduisant à grand peine la réalité.

    L’espoir suscité par les lunettes de réalité augmentée, malgré les obstacles encore persistants

    Mais de ce côté là, il y a un espoir : les lunettes de réalité augmentée. Technologiquement, celles-ci sont prêtes et aujourd’hui, il ne manque plus qu’un acteur majeur qui viendrait tirer le marché pour en faire un accessoire mainstream.

    Au monde, il n’existe actuellement qu’un acteur comme cela : c’est Apple. (Même si Alibaba s’y intéresse aussi fortement puisque la société chinoise annonce le lancement de lunettes de réalité augmentée pour son application Dingtalk)

    Le projet est-il vraiment dans leurs cartons comme certains l’affirment ? Difficile, comme toujours avec Apple, de le savoir, mais s’il y a un espoir pour les lunettes, il viendra probablement du créateur de l’iPhone et de l’Apple Watch. On verra bien. Mais même si Apple se lance dans ce marché, il reste sans doute encore des obstacles à franchir pour passer à un usage généralisé dans le grand public :

    • la question de la confidentialité : ça avait été la raison de l’échec des Google Glasses il y a quelques années. Les gens ne supportaient pas que quelqu’un puisse les filmer à tout moment et à leur insu.
    • la question de la puissance de calcul : si l’on veut atteindre à une véritable qualité d’affichage, il faudra beaucoup de puissance de calcul. Le stade minimum nécessaire à une bonne expérience est déjà atteint lorsqu’il s’agit d’afficher en surimpression des informations sur la réalité. En revanche, il n’est pas sûr que l’on parvienne avant quelques années à atteindre le niveau de réalisme nécessaire dont je parlais en début d’article.

    La réalité augmentée coûte cher

    Et c’est sans doute un des freins principaux à la réalité augmentée. Son coût de production et le coût de l’équipement nécessaire au grand public pour y accéder, si on tient compte du fait que la réalité augmentée arrivera par les lunettes, sera une étape à franchir qui risque beaucoup de freiner les ardeurs dans un monde où les plus riches sont déjà suréquipés en matériel numérique. Le prix psychologique de ces nouvelles interfaces sera primordial dans leur adoption.

    Et quand on parle de coût, il faut aussi considérer qu’un Internet en réalité augmentée généralisé, si c’est cet Internet là qui advient, posera une question en termes de :

    • coût de production : il est probablement plus cher de produire de l’imagerie de produits en RA qu’en photo ou vidéo, même si on peut toujours se dire que ces coûts là vont diminuer avec la demande augmentant
    • coût écologique, puisqu’il est certain que le média en réalité augmentée pèsera beaucoup plus lourd que la vidéo, mais surtout que la photo… si ce coût s’avère, il cantonnera « l’augmentation » de la réalité à des marchés spécialisés, de niche ou à certains types de produits

    En conclusion

    La réalité augmentée n’est pas morte, bien loin de là, et a certainement un avenir très brillant dans de nombreux domaines. Mais pour le e-commerce BtoC, je pense qu’il faudra encore attendre encore un peu avant de sortir des brillantes démonstrations technologiques et des expérimentations cantonnées à de la pure curiosité liée à l’innovation. Il existe bien certains exemples où la réalité augmentée apporte un véritable service (je pense à la fonctionnalité d’essayage sur le site de Rayban), mais l’expérience procurée est encore loin d’être équivalente à celle que l’on peut vivre IRL.

    La réalité augmentée est donc, encore en 2022, une technologie à surveiller de près, mais sur laquelle il ne faut sans doute pas trop vite se précipiter.

    Excellente journée !

    Photo de l’article par My name is Yanick

  • Comment nous, les ouvriers du numérique, pourrions produire un Internet moins polluant ?

    On voit passer de plus en plus d’articles sur l’impact de l’industrie numérique sur la planète.

    Surprise 😉 ! Le numérique « pollue ». Du moins, pourrait-on dire plus platement qu’il consomme de l’énergie et qu’il en consomme de plus en plus (lire l’excellent article du Monde à ce sujet : Pourquoi le numérique contribue de plus en plus au réchauffement climatique). Dans quelles proportions ? Eh bien, assez importante, puisqu’on estime que 4% des émissions de CO2 dans le monde proviennent du numérique. Et cette part n’est pas près de se réduire, bien au contraire.

    Dans ce contexte, il est vraiment intéressant de revenir un peu en arrière dans le temps et de voir notre changement de considération par rapport au numérique en ces temps de pandémie, de réchauffement climatique et de Don’t Look Up (film dénonçant la cécité des dominants face à la catastrophe qui nous guette).

    Qui se souvient de l’entreprise sans papier ?

    Quand les emails ont commencé à être utilisés, la plupart y voyaient un moyen de lutter contre le gaspillage de papier. Je n’ai pas les chiffres, mais on peut facilement imaginer que depuis plus de 20 ans, l’email et les autres moyens de communication ont largement supplanté le courrier papier et toute sa cohorte de sources de pollution (rien que le transport, ça devait déjà faire beaucoup).

    Il y avait alors, je m’en souviens très bien, dans les années 2000, un engouement joyeux pour toute cette communication électronique. On parlait même d’entreprise sans papier. Et on allait voir ce qu’on allait voir. Internet allait sauver la planète. Si, si ! Et oui, déjà, au début des années 2000, pas mal de monde s’intéressait au sort de notre monde, même si la conscience du réchauffement climatique était encore lointaine dans les esprits.

    Et l’iPhone remplaça tous nos objets du quotidien

    En 2006, un génie (il faut bien l’appeler comme ça), Steve Jobs, mit sur le marché l’iPhone. Personne (et je pense, pas même lui) n’entrevoyait la révolution dans les foyers qu’allait entrainer la commercialisation de ce nouveau type de téléphone. Depuis sa naissance (celle de l’iPhone, pas de Steve), sans doute que plus de 1 milliard d’iPhone ont été vendus… Et ça, c’est sans compter les téléphones d’autres marques. Ça peut paraître beaucoup… beaucoup en terme d’impact sur l’environnement. On le sait, tous les chiffres le disent aujourd’hui, les iPhones et autres smartphones sont gourmands en terres rares, ces matériaux indispensables à leur fonctionnement, mais qui… rares, elles le sont de plus en plus. Sans compter la problématique de leur recyclage.

    Mais là encore, sans qu’on s’en doutât à l’époque, l’iPhone et les autres téléphones, offraient tant de possibilités fonctionnelles que, très rapidement, ils remplacèrent de nombreux objets de la vie quotidienne.

    D’une manière plus générale, le numérique a sans doute contribué beaucoup plus que toute autre technologie à la réduction de l’impact carbone sur la planète des activités humaines. Qu’on songe aux tonnes de CO2 non émises grâce à la visioconférence, à titre d’exemple simple.

    Mais le numérique, sauveur, réellement, ou fossoyeur de la planète ?

    A ce stade de l’article, évidemment, j’en vois déjà pas mal bondir, en me rétorquant que… comme beaucoup de progrès technologiques, le ver est dans le fruit. Et, en effet, c’est vrai, on ne peut pas non plus nier que la facilité du numérique, sa grande sobriété originelle n’a pas engendré les externalités négatives habituelles que l’on connait bien quand un progrès apparait.

    En automobile, par exemple, plus vous rendez sobre un moteur à énergie fossile, plus les gens auront tendance à l’utiliser. La baisse de consommation grâce à l’innovation est donc contrebalancée par une augmentation de la consommation par l’augmentation de l’usage à coût équivalent.

    Avec le numérique, c’est pareil. Les gains en consommation d’énergie sont tels par individu qu’ils entraînent naturellement une augmentation de l’usage globale, contrebalançant le gain initialement estimé.

    Le problème est que tout cela est bien difficile à mesurer. Et que généralement, il est plus facile de montrer l’impact global du numérique sur l’environnement sans se préoccuper de ses externalités positives que d’aller chercher plus loin et se demander ce que nous fait réellement gagner le numérique.

    Et je suis prêt à prédire que, dans le contexte de l’époque, nous n’aurons jamais la réponse à cette question. Ce qui nous laissera pour la plupart dans un doute certain et paralysant.

    Alors comment nous, les ouvriers du numérique et les entreprises, devons-nous nous comporter ?

    Alors que faire ? Comment se comporter ? Et comment, quand on est un ecommerçant, un marchand, une entreprise, comment contribuer autant que faire se peut, sans nuire à sa marche des affaires, comment répondre au plus grand défi du XXIème siècle ? Comment s’en préoccuper ?

    Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la réponse n’est pas simple. Convaincre les responsables, les dirigeants et dirigeantes d’entreprises, de se préoccuper d’écologie au sein d’une entreprise marchande n’est pas si facile. Étant entendu que je ne parle dans cet article que du sujet qui nous préoccupe habituellement : la conception et la production d’applications numériques.

    Jamais facile de convaincre vos n+1, n+2, etc… (extrait de Don’t look up)

    Réduire l’impact carbone d’un site web est une chose parfois assez facile à réaliser, mais pas si simple à mesurer. Et pour des gains pas toujours aussi substantiels que ça en termes financiers (qui sont le critère principal de raisonner de toutes les entreprises ;-)). Car si tout le monde est convaincu qu’il faut sauver la planète, tout le monde n’est pas convaincu qu’il faille investir de l’argent, SON argent, c’est à dire celui de l’entreprise, pour le faire.

    Mais comment convaincre son patron de sauver la planète ?

    Une des premières difficultés pour avancer sur le chemin de l’éco-conception ou de l’eco-design consiste justement à se convaincre et à convaincre les autres qu’il faut bien s’y mettre. Toutes statistiques mises à part, cette nécessité, pour nous, chez Wex, ne pose pas de questions.

    En revanche, quels arguments mettre en avant pour y parvenir est plus compliqué et nécessite de s’abstraire de l’émotion qui nous étreint lorsque nous parlons de ce genre de sujes et de revenir plus simplement à des aspects pratiques de l’écoconception. Et… un de ces aspects pratiques, cela tombe bien, c’est qu’une bonne UX est un vecteur de simplification des interactions, et donc, in fine, de la réduction de l’impact carbone.

    Écrit comme cela, cette assertion résonne un peu comme un boulet de canon lancé à la mer, mais, à la regarder de plus près, elle pourrait bien faire bouger plus de monde que vous ne l’imaginez.

    Et c’est en tout cas un des arguments que nous avons défendu lors de notre dernier webinar sur l’écoconception, dont les propos étaient largement inspiré d’un livre sur l’éco-conception du britannique Tom Greenwood pas encore paru en France : Sustainable Web Design.

    Pourquoi cela ?

    Vendre de l’écodesign sans parler d’écodesign

    Parce que quand vous voulez « vendre » une idée ou la promouvoir, il ne faut peut-être pas parler directement de ses avantages, mais des avantages induits que cette idée peut rapporter. Et avec l’éco-conception, on en a un exemple tout simple.

    Plutôt que d’essayer de perdre votre temps à essayer de convaincre vos big boss à essayer de sauver la planète, faites leur plutôt comprendre qu’il y aurait à améliorer l’UX de votre site en optimisant sa vitesse de téléchargement et d’affichage.

    • en « nettoyant » le code et en éliminant celui qui est inefficace = dégraissage
    • en simplifiant le design de votre site = simplification
    • en optimisant les médias audio et vidéo = dégraissage aussi

    Ces 3 actions, simples à mettre en œuvre, on plusieurs avantages non négligeables :

    • nettoyer le code améliore les temps de chargement favorise l’engagement et le temps de navigation = meilleure UX
    • simplifier l’apparence du site améliorer sa compréhension et son usage = meilleure UX
    • optimiser les médias améliore le temps d’accès à l’information = meilleure UX

    Or meilleure UX = meilleur SEO = meilleure conversion = meilleur bilan carbone

    Conclusion

    Et c’est un exemple parmi d’autres. Il faut bien sûr savoir parler d’éco-conception en entreprise, mais pour faire passer les idées, même si vous êtes convaincu de votre bonne foi et sûr d’avoir raison, réfléchissez toujours à la manière dont ceux qui détiennent les cordons de la bourse peuvent réagir. Non pas, forcément, qu’ils soient contre vos préceptes, mais plutôt qu’en bon gestionnaire, ils ont toujours besoin d’en savoir un peu plus que des belles idées pour agir, même si elles sont animées des meilleures intentions.

    Excellente journée à vous !

    (photo de l’article, Marc-Olivier Jodoin)

  • Leçons tirées d’une expérience de montage

    Ah ah ! Vous devez sans doute me demander où je veux en venir avec un titre pareil.

    Je vais vous l’expliquer.

    Il y a plus de 2 ans maintenant, j’écrivais un article sur les notices de montage IKEA. Les fameuses notices. Qu’on a tous eu entre les mains au moins une fois dans sa vie.

    L’idée m’est apparue qu’elles étaient un exemple inspirant de la manière dont on pouvait créer une expérience utilisateur. Dans le cas de IKEA, pour monter un meuble.

    Ça n’avait pas l’air vraiment évident, mais le parallèle était bien plus fort que je le pensais et il s’avéra, appris-je, que le processus de conception d’une notice IKEA n’était pas aussi éloigné que de celui d’une conception d’interface.

    Succès de l’article.

    Positionnement SEO parfait. La page apparait aujourd’hui en 4ème position sur Google sur la recherche « notice montage IKEA ». Mais surtout, année après année, c’est encore et toujours l’article qui reçoit le plus de visites sur le site de Wexperience 😉

    En analysant le phénomène, nous avons découvert que c’était essentiellement des gens qui cherchaient effectivement une notice de montage IKEA.

    Assez étonnant pour un article consacré à l’UX.

    Mais vous allez voir que la suite l’était tout autant.

    Voici la petite anecdote…

    Un jour, notre Directeur Commercial, Steve, reçut un appel d’un fabricant de matériel de cuisine de luxe. Le directeur de cette entreprise était tombé sur notre article et s’était persuadé que nous étions une agence spécialisée dans la conception de notices de montage. Soucieux d’une meilleure expérience pour ses clients, il avait remarqué que la plupart se plaignaient de la difficulté de montage de ses meubles. Il avait donc besoin de quelqu’un pour lui dire ce qui n’allait pas.

    Ça n’était pas vraiment notre spécialité, mais Steve étant un commercial, prêt à vendre son père et sa mère ;-), son sang ne fit qu’un tour. Et hop ! En ni une ni deux, nous nous retrouvions, chez WEX, à devoir concevoir une notice de montage pour un meuble de support métallique de plancha.

    Évidemment, nous mimes à l’œuvre toutes nos techniques de conception UX : test utilisateur (je fus le testeur, car parfaitement dans la cible) et quelques semaines plus tard, nous produisions cette fameuse notice à la grande satisfaction de notre fabricant. Notice dont le but était non seulement de faire parvenir à des hommes cinquantenaires peu doués en bricolage à monter un meuble, mais aussi à ne pas y passer de temps, voire à y prendre un certain plaisir.

    Moralité de l’histoire

    L’UX est partout, et pas seulement dans le numérique. Les méthodes qu’on utilise peuvent être utilisées à d’autres domaines.

    Mais surtout, cette expérience montre ce que peut apporter l’UX dans n’importe quel interstice de l’expérience client. Un moment parfait, un moment agréable, un moment satisfaisant, même dans des instants éphémères de cette expérience.

    Ne pas faire hurler de désespoir et de colère des acheteurs de meuble de cuisine au moment du montage a tout autant d’importance que l’utilisation même du meuble. Autrement dit, et ça, vous le saviez déjà, l’expérience produit ou service commence avant même son usage, ainsi qu’Apple nous l’avait appris en nous offrant d’incomparables expériences de unboxing*.

    Je pense sincèrement que procurer une expérience d’usage parfaite sur tous les points du parcours client peut vraiment faire la différence. Que ce soit en physique ou en numérique.

    Et je pense aussi sincèrement qu’il n’est pas possible d’y arriver en se contentant de copier ce que font les autres (après tout, il n’est pas si dur de copier ce qu’a fait Apple en terme d’emballage), mais bien de trouver ses propres solutions en utilisant des méthodes d’UX qui permettront de créer des expériences innovantes et agréables.

    J’espère que vous avez apprécié cette lecture et à bientôt pour de nouvelles anecdotes 😉